2015 sera-t-elle meilleure que 2014 ?

2014 est derrière François Hollande... Place à 2015!
2014 est derrière François Hollande... Place à 2015! © GUILLAUME SOUVANT / AFP. Montage : MICKAEL ROBIN / EUROPE 1
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BONNE ANNÉE ? - Chômage, croissance, inégalités, bonheur… Que nous réserve 2015 ? On a sondé nos experts.

Ca y est, 2014 est derrière nous. Mais que nous réserve 2015 ? Côté croissance la France devrait sortir de la stagnation, avec une hausse de PIB estimé par l'INSEE à 1% sur l'ensemble de l'année. Mais cela ne suffira pas pour lutter contre le chômage, préviennent déjà les autorités. Y a-t-il tout de même des raisons d'espérer que 2015 soit meilleure que 2014? Europe1 a demandé à Jean Viard, sociologue au CNRS et au CEVIPOF, Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank, Jérôme Lecat, patron de Scality, une start-up franco-américaine à la croissance à trois chiffres, et Jean-Claude Mailly, le numéro un du syndicat Force ouvrière.

LES RAISONS D’ESPÉRER

Des indicateurs qui se verdissent. Comme le résume Jean Viard, "2015  peut difficilement être plus mauvaise que 2014". Certains éléments laissent d'ailleurs déjà penser "que cela ne sera pas le noir absolu en 2015", selon le sociologue.

"Le prix du pétrole et l'euro baissent, ce qui est bon pour nos entreprises. L'Europe a enfin un projet pour la croissance, avec le plan Juncker. Il est largement perfectible, mais au moins il y a un projet ! En France, certaines choses sont aussi en train de bouger. La réforme territoriale a été votée. Des conventions salariales commencent à être signées dans les entreprises. Il va aussi y avoir la Conférence climat à Paris, qui ne peut pas être un échec. Et François Hollande semble enfin avoir un cap. Même s'il ne plaît pas à tout le monde, le fait qu'il y en ait un est déjà rassurant", estime le chercheur.

La France se modernise. En outre, le bonheur des Français ne se trouvera peut-être pas dans les grands indicateurs économiques. C'est en tout cas l'avis du patron de Scality. "Les gens cherchent le bonheur au mauvais endroit. On est heureux lorsqu'on a un projet à porter et lorsqu'on est porté par lui. Aujourd'hui, beaucoup de gens n'adhèrent pas à ce que la société leur propose. Mais 2015 est porteur d'espoir", argumente Jérôme Lecat.

"La France commence à se moderniser. Et cela est symbolisé, selon moi, par la loi Macron", poursuit le chef d'entreprise, qui détaille : "cette loi ne fait certes pas tout, elle peut être considérée comme incomplète. Mais elle propose d'aller vers l'avenir. Alors, certes, je ne suis pas convaincu que les grands indicateurs économiques s'amélioreront grandement en 2015. Mais l'adversité n'est pas incompatible avec le bonheur. Le tout, c'est qu'il y ait des gens avec des projets. Et qu'on leur permette de les réaliser".

LES RAISONS D'AVOIR PEUR

De nombreux risques pèsent sur fin 2015. On l'a dit, la croissance repart un peu et certains indicateurs laissent présager un redémarrage en 2015. Mais durera-t-il toute l'année ? "Il y a de gros risques qui pèsent sur la deuxième partie de 2015. Les États-Unis vont changer leur politique monétaire, ce qui devrait faire partir des investisseurs chez eux. En outre, le risque de déflation est toujours fort", prévient l'économiste Christopher Dembik.

"Ce n'est pas gagné que 2015 soit meilleure que 2014. La croissance est faible, limite déflationniste. Le chômage et les inégalités risquent donc de se creuser. Même pour le pouvoir d'achat, il n'y a pas de signe particulier que cela ira mieux", renchérit Jean-Claude Mailly. "Il faudrait une croissance de 5 à 6%. Le pire n'est certes jamais sûr, mais il peut arriver. Je ne ressens d'ailleurs aucune baisse de pessimisme chez les salariés. Et il n'est pas exclu qu'il y ait de grands mouvements sociaux l'an prochain", poursuit le leader syndical.

Peu d'embellie à attendre sur le front du chômage. "La seule chose qui va vraiment compter pour les gens, c'est le chômage. Et la bataille n'est pas gagnée, même si l'inversion de la courbe est, disons, moins impossible en 2015 qu'en 2014", résume le sociologue Jean Viard. L'analyste de Saxo Bank va, lui, encore plus loin. "On ne peut strictement pas espérer une inversion de la courbe du chômage en 2015, en France et ailleurs en zone euro. Le niveau de croissance est encore trop faible, il faudrait au moins 2%. Et les mesures du gouvernement, comme le pacte de responsabilité, ne se feront ressentir que dans deux ans", analyse Christopher Dembik.

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© Reuters

LES POLITIQUES AURONT UN RÔLE DÉCISIF

Ils influencent l'économie. Pour Jean-Claude Mailly, le gouvernement sera responsable si 2015 s'avère aussi noire que 2014. "Une bonne mesure pour 2015 aurait été de donner un coup de pouce au SMIC, mais il n'y en a pas eu. Tant que le gouvernement reste ancré dans l'austérité, la reprise sera anémiée ", poursuit le syndicaliste.

Jérôme Lecat, le chef d'entreprise, interpelle également les politiques, notamment les députés. Mais pour leur dire de ne pas trop entraver le tournant pro-entreprise entamé par le gouvernement. "Ma seule crainte vient effectivement des politiques. Il y en a encore trop qui sont arc-boutés sur des visions passéistes, qui défendent des mesures dépassées parce qu'elles rapportent des voix.

Ils influencent le moral. Pour le sociologue Jean Viard, le politique peut aussi avoir une influence sur le moral des gens. Et les élections cantonales (mars 2015) et régionales (décembre 2015) seront l'un des évènements majeurs de l'année prochaine. "Si le FN fait un carton aux élections régionales et cantonales, ce sera un critère d'angoisse pour beaucoup de monde", soutient le chercheur.

Le salut viendra-t-il des Allemands ? Pour l'analyste Christopher Dembik, les politiques ont bien un rôle à jouer… Mais pas forcément en France. "Il y a des solutions, mais la plupart doivent venir de l'Allemagne. L'augmentation des salaires Outre-Rhin, par exemple, permettrait de limiter la déflation", assure l'économiste. Et de conclure : "on critique toujours le gouvernement français. Mais c'est à l'Allemagne de prendre des décisions".