A qui profitent les baisses de charge du pacte de responsabilité ?

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Alexis Toulon , modifié à
Le gouvernement doit trancher pour savoir si les baisses de charges bénéficieront aux bas salaires ou à l’ensemble des salariés.

Le gouvernement a brandi son arme économique pour relancer la compétitivité des entreprises et l’emploi : le pacte de responsabilité. Les sociétés doivent bénéficier d’un allègement de charges à hauteur de dix milliards d’euros. Reste à savoir si cette manne financière se concentrera sur les bas salaires ou sur l’ensemble des emplois. Et le choix est autant politique qu’économique.

Des bas salaires trop chers. L’intérêt d’offrir aux entreprises dix milliards d’euros d’économies sur les charges des bas salaires, compris entre un smic et environ un smic et demi (1 133,82 et 1.700 euros nets par mois), est que la mesure concerne beaucoup de personnes. Selon les économistes, c’est dans cette fourchette que se concentrent 80% des chômeurs. Or, les travailleurs les moins qualifiés français "coûtent en moyenne 50% plus cher que dans les autres pays européens", assure Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, au micro d’Europe 1.

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Un effet immédiat. L’autre avantage de se concentrer sur les salaires les plus faibles est qu’une telle réforme provoquera une diminution rapide et massive du chômage. Pour ce qui est de la chiffrer, les avais divergent. Certaines estimations citées par Nicolas Barré montent à 800.000 créations d’emplois. Le Haut conseil pour le financement de la protection sociale (HCFPS) estime pour sa part que les mesures ne créeront pas plus de 300.000 emplois par an. Et pour Arnaud Montebourg, il est même possible d'arriver à 1,8 million d'emploi, voire même deux millions.

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La levée de bouclier du Medef. Du côté du patronat, on préfère toutefois miser sur une montée en gamme de l’économie française. L’hypothèse de se concentrer sur les bas salaires se situe, selon le vice-président du Medef, Jean-François Pilliard, "dans une vision à court terme" qui aboutirait "à ce que notre pays continue à se replier sur lui-même, sans ambition internationale". Un argument qui fait mouche à l’Elysée car la baisse des charges sur l’ensemble des salaires permettrait à long terme de développer de nouveaux secteurs d’activités et de conquérir des marchés. Dans ces conditions, le Haut conseil pour le financement de la protection sociale (HCFPS) chiffre à 160.000 les créations d’emplois par an.

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La valse des politiques. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a déclaré jeudi que la baisse du coût du travail se concentrerait "principalement" sur les bas salaires. Le ministre du Travail Michel Sapin avait lui aussi fait valoir dimanche qu'"en faisant diminuer le coût du travail sur les plus bas salaires, nous irons dans le sens d'un maximum de création d'emplois". Priorité donc aux bas salaires. Mais un petit geste est prévu pour les autres. En effet, du côté de l’Elysée, l’entourage présidentiel explique que ces 10 milliards seront répartis entre hauts et bas salaires. "Il y aura sur les 10 milliards un effort pour les bas salaires pour favoriser l'emploi, mais pas seulement car on veut avoir aussi un effet sur la compétitivité. C'est un mix compétitivité-emploi", a-t-on ajouté.

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