Pourquoi le champion du nucléaire français, Areva, a-t-il racheté la société Uramin à un prix surévalué et dans des conditions troubles ? C'est la question à laquelle tentent de répondre les enquêteurs, qui ont mené mardi une dizaine de perquisitions. Les locaux d'Areva et le domicile de son ancienne Pdg, Anne Lauvergeon, ont notamment été visés. Plusieurs autres dirigeants d'Areva étaient concernés par cette opération, notamment l'ex-responsable des mines, Sébastien de Montessus, qui a depuis quitté l'entreprise.
Le dossier Uramin, un fiasco financier. Areva a acquis en 2007 Uramin, une société canadienne d'exploitation minière, pour 1,7 milliards d'euros. Problème : la valeur de l'entreprise a été surestimée, tout comme ses réserves en uranium. Sans oublier que les cours de l'uranium se sont effondrés par la suite. Bref, ce rachat se révèle être un désastre, la société ayant perdu 80% de sa valeur. Areva a dû mettre de côté 1,9 milliards d'euros pour éponger ses pertes.
Et des "zones d'ombre". Au-delà de ce raté financier et industriel, les enquêteurs tentent de comprendre "les zones d'ombre" qu'a dénoncé la Cour des comptes en mai dernier. Notamment pourquoi la direction d'Areva a fait apparaître tardivement dans ses comptes cet achat. Et pourquoi certains documents n'ont pas été disséqués, une prudence qui s'impose dans de tels achats. Pour évaluer les stocks d'uranium dont disposait Uranim, Areva a par exemple fait confiance aux estimations fournies par le vendeur, alors qu'il est d'usage de commander une contre-expertise pour une opération de cette ampleur, comme l'a souligné le Canard Enchainé.
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