Après deux semaines d'un conflit social qui n'avaient pas abouti à un compromis, les négociations ont finalement porté leurs fruits. La direction d'Air France et les syndicats de pilotes ont annoncé jeudi avoir trouvé un "projet d'accord" pour développer Transavia France, la filiale low cost du groupe.
Un texte organisant les conditions de travail des deux compagnies "est sur la table", a indiqué dans un communiqué le SNPL, premier syndicat de pilotes. "Ce texte sera présenté vendredi au Conseil du SNPL Air France ALPA", avant d'être "soumis à référendum" mi-novembre, a précisé de son côté la direction.
>> LIRE AUSSI - Air France menace de créer une "sœur" de Transavia
Transavia n'est plus handicapée par un nombre d'avions limité. Face à des voyageurs qui délaissent massivement les compagnies classiques pour les vols courts et moyen-courrier, Air France n'a pas beaucoup de solution : soit elle laisse partir ses clients vers les compagnies low cost pour se concentrer sur le haut de gamme, soit elle développe sa propre filiale à bas coûts, Transavia. Sauf que ce développement était bloqué par un précédent accord avec les syndicats de pilotes, qui limitait à 14 le nombre d'avions opérant pour Transavia.
Une barrière qui a désormais sauté puisque le nouvel accord prévoit que de nouveaux Boeing 737 rejoindront la compagnie à bas coût dès l'été 2015, répondant aux ambitions du groupe pour accroître sa présence "sur le marché low cost en forte croissance".
Pour les pilotes, la direction a coupé la poire en deux. L'autre point de blocage concernait le statut des pilotes de ligne : ces derniers réclamaient un contrat unique à tous les pilotes, quelle que soit la compagnie aérienne. Une condition inacceptable pour Air France à plus d'un titre : les pilotes Air France coûtent plus cher que la concurrence - à nombre d'heures de vol équivalent - et doivent effectuer moins d'heures de vol. La direction souhaitait donc mettre en place un contrat spécifique à Transavia.
Chaque partie a finalement accepté de faire des concessions : les pilotes d'Air France, en sureffectif, opéreraient sur Transavia seulement s'ils sont volontaires. Et ils le feraient "selon les conditions d'utilisation et de rémunération actuelles de Transavia France" : c'est-à-dire en réalisant un peu plus d'heures de vol que chez Air France pour un salaire équivalent. En revanche, ils conserveraient leur statut Air France (couverture santé, prestations sociales, etc.). En clair, les pilotes détachés disposeront de deux contrats de travail coexistants.
En outre, les copilotes qui seront détachés volontairement chez Transavia continueront de percevoir une prime d'incitation "tant que le sureffectif des pilotes chez Air France demeurera", a indiqué une source proche. Les commandants de bord sont exclus de ce dispositif.