Le dénouement. Le gouvernement a tranché : ce sera Genera Electric. L'exécutif, qui dispose d'un droit de véto dans le dossier, s'est prononce en faveur d'une alliance entre l'industriel français et l'Américain, a fait savoir le ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg, vendredi après-midi. L’État va par ailleurs devenir le principal actionnaire d'Alstom, en rachetant deux tiers de la participation de Bouygues, qui détient 29% du groupe actuellement. Cette part s'élève à 1,72 milliard d'euros. L'alliance devra créer une "coentreprise spécifique française entre la vapeur et le nucléaire". "Alstom méritait une alliance plutôt qu'un rachat-absorption", a justifié Arnaud Montebourg, qui a reçu le feu vert de François Hollande.
La balle dans le camp d'Alstom. L'offre de Siemens et Mitsubishi Heavy Industries (MHI), "très sérieuse, très crédible, très sérieusement travaillée, améliorée", est ainsi écartée. "L'offre de Siemens, de l'aveu de (son patron) Joe Kaeser, s'est heurtée aux règles de la concurrence qui sont surveillées par la Commission européenne", a affirmé le ministre, qui a qualifié Bruxelles de "principal obstacle à la création de champions européens". C'est au conseil d'administration d'Alstom qu'il revient à présent de décider si le groupe entre en négociations exclusives avec GE, au plus tard lundi, date de l'expiration de l'offre de l'américain. Une réunion du CA d'Alstom était en cours vendredi soir.
Un droit de regard. "C'est une victoire pour Alstom, un succès pour la France et une réussite indéniable pour le retour de l'Etat dans l'économie", a vanté Arnaud Montebourg. Le ministre a indiqué avoir envoyé une lettre d'intention au patron de GE, Jeff Immelt, lui précisant les conditions de cette alliance. Avec cette entée au capital, l’État pourra disposer d'un droit de regard sur la stratégie de l'Américain. Il y aura des "pénalités" si les engagements de GE sur l'emploi ne sont pas tenus, a prévenu Arnaud Montebourg.
Valls félicite Montebourg. Alstom, "en terme de méthode, c'est l'anti-Florange", s'est ainsi félicité le Premier ministre Manuel Valls, en référence au conflit à l'automne 2012 entre son prédécesseur Jean-Marc Ayrault et M. Montebourg, qui militait à l'époque pour une nationalisation du site ArcelorMittal de Florange (Moselle). L'amération de l'offre de GE, et donc son soutien par l'Etat, "nous le devons beaucoup à l'engagement d'Arnaud Montebourg", a-t-il déclaré.
L'offre de GE. L'Américain avait déjà fait une offre globale sur la branche énergie d'Alstom pour 12,35 milliards d'euros. Il a également proposé jeudi de créer trois coentreprises pour l'emporter face au tandem nippo-allemand Siemens-Mitsubishi.
Le groupe américain a présenté jeudi une offre améliorée, qui comprend deux coentreprises à 50-50 : l'une dans les réseaux intelligents et l'autre dans les énergies renouvelables et les réseaux hydrauliques. Il propose une troisième coentreprise dans les turbines vapeur (nucléaire) dont la répartition n'a pas encore été arrêtée, a détaillé la source qui a requis l'anonymat.
Cerise sur le gâteau, GE propose d'installer les sièges des nouvelles coentreprises en France. GE veut aussi céder son activité de signalisation ferroviaire à Alstom pour renforcer le pole transport du groupe industriel français, selon la source. Enfin, il propose un droit de veto à l'Etat français sur les décisions concernant le nucléaire, dans la co-entreprise avec Alstom.
ON RÉCAPITULE - La danse nuptiale des prétendants
ACTU - Alstom : après Siemens, GE muscle son offre
LA QUESTION - La branche transports survivra-t-elle seule ?
DUEL - General Electric vs Siemens : le match des "big boss"