Le géant de la distribution en ligne se matérialise. Amazon prépare l'ouverture de son tout premier magasin physique, affirme jeudi le Wall Street Journal, citant des sources proches du dossier. Il devrait ouvrir ses portes pour la période des achats de fin d'année à New York, sur la très prisée 34e rue, dans le centre de Manhattan. Tout près de l'Empire State Building et des grands magasins Macy's, qui attirent chaque année des millions de visiteurs. Le Wall Street Journal précise que, pour l'instant, Amazon teste le marché, mais qu'il pourrait étendre l'expérience à d'autres villes en cas de succès.
À quoi servira-il ? Le magasin ne sera pas vraiment un magasin, au sens où le client ne pourra pas directement y acheter des produits. Il fonctionnera comme un mini-entrepôt, où les clients d'Amazon pourraient venir chercher des produits commandés plus tôt dans la journée sur le site. Le but est également d'en faire un espace d'exposition pour les produits propres au groupe, comme ses liseuses et tablettes Kindle, son smartphone Fire Phone ou son décodeur de télévision Fire TV.
Un magasin pratique et bien exposé... Amazon veut avant tout, avec ce magasin, palier certains défauts de la livraison à domicile, notamment au moment des fêtes, où il réalise une grosse partie de son chiffre d'affaires. Le groupe avait fait état de ventes record l'an dernier pendant les fêtes, mais beaucoup d'achats en ligne s'étaient effectués à la dernière minute et n'avaient pas tous pu être livrés à temps pour Noël, car les services de messagerie n'avaient pas réussi à faire face à la demande. Le magasin servira aussi à la promotion du groupe, dans une 34e rue où passent chaque année plus de 4 millions de personnes.
... mais qui risque de lui coûter cher. C'est un changement de taille dans la stratégie d'Amazon. Le géant américain s'est toujours refusé à ouvrir une boutique physique, pour ne pas payer les loyers et les salariés qui vont avec, afin de gagner en compétitivité vis-vis-de ses concurrents. Avec l'ouverture d'une boutique dans l'une des rues les plus chères de New York, donc du monde, les coûts d'exploitation pourraient peser sur les marges déjà très minces du groupe. Car si son chiffre d'affaires ne cesse de croître (+23% sur un an), il ne dispose que de marges très faibles : un bénéfice de 108 millions de dollars au deuxième trimestre 2014, sur un chiffre d'affaires de 20 milliards.