Il sera le nouvel ambassadeur économique de la France. Et il aura la lourde tâche de remplacer Ramon Fernandez, admiré dans toute l'Europe, et sans qui la France n'aurait jamais eu de délai supplémentaire pour réduire son déficit. Bruno Bézard doit en effet être nommé directeur du Trésor, le 29 juin prochain. Sa nomination doit encore être validée au sommet de l'exécutif. Mais elle est déjà quasi acquise, car soutenue par les deux têtes de Bercy : Michel Sapin et Anaud Montebourg.
Brillant administrateur, énarque et polytechnicien de 50 ans, Bruno Bézard s'est surtout fait connaitre au moment de l'affaire Cahuzac. Europe1.fr vous fait les présentations.
Un travailleur acharné. Bruno Bézard est avant tout un travailleur scrupuleux. Un intello dirait même les mauvaises langues. Le futur directeur du Trésor a, entre-autres études, fini major de promotion aussi bien de l'Ecole polytechnique que de l'ENA, avant d'enchaîner les plus hautes fonctions à Bercy.
Depuis le 1er juillet 2012, il occupe le poste déjà prestigieux de directeur général des finances publiques, sorte de ministre du Budget officieux. Et avant cela, il est déjà passé par "le Trésor", de 1992 à 1998, avant d'être conseiller économique du Premier ministre Lionel Jospin, et directeur général adjoint puis directeur général de l'Agence des participations de l'Etat, ce qui lui donne une grande connaissance du monde de l'entreprise.
Affaire Cahuzac : l'avocat de Bercy. Le grand public fait surtout sa connaissance au moment de "l'Affaire Cauhuzac. Les services de l'administration fiscale sont alors mis en cause, accusés d'avoir aidé l'ex-ministre du Budget à dissimuler l'existence de son compte en Suisse. Monté en première ligne, il n'a alors pas compté son temps pour défendre Bercy dans les médias, ainsi que le ministre de tutelle de Jérôme Cahuzac, Pierre Moscovici.
Sa (lourde) tâche : séduire l'Europe. Au Trésor, Bruno Bézard prendra la tête d'une direction de 1.500 agents, véritable "cerveau" de Bercy. Le Trésor, né en 2004 de la fusion de trois directions, est à différencier du Trésor public, qui gère les Finances et récolte les impôts. Il est chargé, en vrac : de faire des prévisions économiques, de conseiller le gouvernement "dans les domaines financier, social et sectoriel", de garder un œil sur le secteur financier, de promouvoir l'exportation, et de gérer la dette de la France. Selon les jours, il aura pour supérieur Michel Sapin (Finances), Arnaud Montebourg (Economie) ou… Laurent Fabius, aux Affaires étrangères.
Car le principal rôle du Trésor est en réalité de défendre les choix budgétaires devant la Commission européenne, ou encore de négocier pour la France les épineux communiqués du G20 et les plans de sauvetage accordés aux pays en difficulté. Et en la matière, son prédécesseur, nommé par Nicolas Sarkozy, a laissé une trace indélébile. Ramon Fernandez "est sans aucun doute l'un des meilleurs d'entre nous. Il a joué un rôle important pour que la crise s'atténue en Europe", confie ainsi à l'AFP son ancien alter ego allemand, Jörg Asmussen. Bruno Bézard est prévenu.