Pour les uns, son modèle "est à bout de souffle". Pour les autres, elle est "d'utilité publique". Le gouvernement s'est rangé du côté de ces derniers. Le Premier ministre Manuel Valls et la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal ont signé un décret "déclarant d'utilité publique et urgents les travaux nécessaires à la réalisation de la ligne à grande vitesse (LGV) Poitiers-Limoges".
Le décret prévoit que les "expropriations nécessaires devront être réalisées dans un délai de quinze ans à compter" de ce dimanche. Le projet, s'il arrive à son terme, permettra de relier Poitiers à Limoges en 35 minutes, et Paris à Limoges en deux heures.
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Une ligne polémique… D'ici 15 ans, le projet a toutefois encore le temps de finir aux oubliettes. Principal raison : son coût, estimé à deux milliards d'euros. "Personne n'a l'argent. Et cette ligne ne pourra jamais être rentabilisée, c'est justement ça que dénonce la Cour des comptes !", décrypte lundi sur Europe1 l'éditorialiste Axel de Tarlé.
La fin du tout TGVpar Europe1frCette ligne avait en effet été pointée du doigt par la Cour des comptes, dans un rapport publié en octobre, qui jugeait le réseau ferroviaire français à grande vitesse "peu cohérent" et trop coûteux. "Sur certaines liaisons, les principales conditions de pertinence d'une ligne à grande vitesse (LGV) ne sont pas remplies" et le modèle est "à bout de souffle", son "coût devenu non soutenable", avaient écrit les sages de la rue Cambon, citant notamment Poitiers-Limoges.
Dans les régions concernées, le projet ne fait pas non plus l'unanimité. Comme le résume Usine nouvelle lundi : "les deux principales agglomérations concernées, Limoges et Brive, votent pour, de même que Poitiers. Les régions et les départements sont, eux, beaucoup plus partagés. Si les élus et les chefs d'entreprises du Limousin la réclament, la région Poitou-Charentes s'y oppose".
Ver la fin du tout TGV ? Résultat, selon Axel de Tarlé, "cette ligne ne verra jamais le jour, tout comme celle reliant Marseille à Nice". Et pour cause, la SNCF va revoir sa stratégie, et sortir du tout TGV. "L'Etat et la SNCF vont terminer la ligne Paris-Bordeaux. Ensuite, on arrête", estime l'éditorialiste. Et de conclure : "la SNCF a décidé de consacrer toutes ses ressources sur les 'trains du quotidien', que les gens prennent tous les jours. On va un peu plus s'occuper des voyageurs, moins s'occuper de l'ego de certains élus, qui veulent leur TGV, leur gare TGV, même si elle est au ¾ vide".