Le rendez-vous est fixé pour cette semaine. Le gouvernement doit rencontrer dans les jours qui viennent les représentants des sociétés exploitant les autoroutes pour tenter de limiter la facture des automobilistes français. Sauf que la marge de manœuvre de l'exécutif est très étroite et que les société d’autoroute ont prévenu : elle ne feront aucun cadeau car elles estiment être dans leur droit.
>> LIRE AUSSI - Tarif des autoroutes : et si Terra Nova avait trouvé la parade ?
Tarifs et bénéfices des autoroutes dans le viseur. Que ce soit en 2008 ou en 2013, les rapports de la Cour des comptes se suivent et se ressemblent : les Sages de la rue Cambon jugent que l’Etat a mal négocié la gestion des autoroutes par le privé. Résultat, des sociétés concessionnaires en position de force et des tarifs qui ne cessent d’augmenter, bien plus que l’inflation. Un constat confirmé en septembre 2014 par l’Autorité de la concurrence qui est allée jusqu’ à parler de "rente".
Le gouvernement a donc décidé de s’emparer de la question avec deux idées en tête : obtenir un gel des tarifs en 2015 et, peut-être, instaurer une taxe particulière sur les profits de ces sociétés. La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal et son homologue de l’Economie Emmanuel Macron doivent donc rencontrer cette semaine les représentants des sociétés d’autoroutes.
Ces derniers ne sont évidemment pas du même avis. "Il n’y a pas de magot des sociétés d’autoroutes", a martelé Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes et président de l’Association des Sociétés Françaises d’Autoroute (ASFA), lundi matin sur Europe 1. Et ce dernier d’ajouter qu’il "est temps d’arrêter les fantasmes et de faire dire n’importe quoi aux chiffres. Pour faire un euro de chiffre d’affaires dans une concession d’autoroute, il faut en investir cinq".
L’Etat coincé par les règles du jeu qu’il a acceptées. Les sociétés d’autoroutes sont donc sur la défensive et ont chargé Bruno Angles, président de Macquarie France, de conduire les négociations. Et elles s’annoncent serrées pour l’Etat, car Vinci Autoroutes, APRR (Eiffage) ou encore Sanef ont le droit pour eux.
En effet, lors de la privatisation des autoroutes, il a été écrit noir sur blanc dans les contrats que toute hausse de la fiscalité ou abandon des hausses annuelles du prix des péages devront être compensés. En clair, si l’Etat veut geler le prix des péages l’an prochain, il doit donner de l’argent aux autoroutiers ou allonger encore la durée de leurs concessions.
Quelques pistes et une grosse facture potentielle. En vertu de ces contrats, les sociétés concessionnaires ne se font pas trop d’inquiétudes. Mais elles se retrouvent une nouvelle fois pointées du doigt et ont donc décidé d’être proactives : elles ont remis lundi dernier une liste d’une dizaine de propositions au gouvernement. A leurs yeux, tout est discutable tant que c’est économiquement neutre, et si cela permet en plus d’atteindre leur objectif principal : décrocher un rallongement de concession.
Sauf que les sociétés d’autoroutes ont déjà obtenu un tel rallongement dans le cadre du dernier plan de relance autoroutier, autorisé fin octobre par Bruxelles. Le gouvernement estime donc que cela suffit et veut faire pression en invoquant la menace d’une résiliation des contrats de concession, ce qui reviendrait à renationaliser les autoroutes. Une arme fatale à laquelle les sociétés d’autoroutes ne croient pas vraiment : une telle opération couterait une fortune, d’autant qu’il faudrait dédommager les exploitants. "Ecomouv, c’était une plaisanterie à 1 milliard d’euros. Là, on parle d’au moins 40 milliards !", prévient l’un des représentants des sociétés d’autoroutes.
>> LIRE AUSSi - L'Etat a-t-il fait un nouveau cadeau aux autoroutes ?
Retrouvez sur le même sujet la chronique économique d'Axel de Tarlé :