Les auteurs de livres n'aiment pas les abonnements illimités

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avec AFP , modifié à
BUSINESS - La Société des gens de lettres est "résolument hostile" aux formules d'abonnement, comme celle que vient de lancer Amazon.

Deezer ou Spotify dans la musique, Netflix ou Canal Play dans l'audiovisuel, etc. : plutôt que d'acquérir un bien culturel, les consommateurs sont de plus en plus invités à s'abonner à des services leur offrant un accès plus ou moins illimité à un catalogue. Un modèle qui est en train de s'étendre à la littérature, notamment avec l'offre Kindle Unlimited proposée par Amazon depuis peu en France. Sauf que les écrivains français n'en veulent pas et le font savoir par le biais de la Société des gens de lettres (SGDL). En cause, l'épineuse question de la rémunération. Fleur Pellerin, la ministre de la Culture, s'est saisie du dossier.

"Résolument hostile" aux offres illimitées. La Société des gens de lettres, qui représente quelque 6.000 auteurs, s'est dite lundi "résolument hostile" aux formules d'abonnement avec accès illimité. "Ces nouveaux modèles de diffusion du livre numérique inquiètent fortement la SGDL", qui rappelle les critiques des musiciens et chanteurs contre la faiblesses des revenus issus de la consommation de la musique en ligne.

"Nous ne connaissons pas aujourd'hui les conditions de rémunération des éditeurs dans le cadre du service proposé par Amazon et encore moins celles des auteurs", remarque la SGDL dans un communiqué. Preuve qu'Amazon ne suscite pas l'unanimité dans le monde de la littérature, un collectif d'auteurs américains a mené une démarche similaire quelques mois plus tôt.

Des doutes sur la répartition des revenus. Au moment où les organisations d'auteurs "se battent pour faire reconnaître au niveau français et européen une juste et équitable rémunération des créateurs, accepter le principe de l'offre illimitée reviendrait à nier la valeur du livre", conclut la SGDL. Un scepticisme que partage Arnaud Nourry, PDG de Hachette Livre (filiale de Lagardère, groupe dont fait partie Europe 1, ndlr), premier groupe d'édition en France : ces modèles n'ont "aucun sens sinon celui de la destruction du modèle économique".

Pour Vincent Monadé, président du Centre National du Livre (CNL), "la faiblesse de l'offre en français (du nouveau service d'Amazon) démontre la légitime défiance des éditeurs français sur cette proposition émanant d'un opérateur qui, jusqu'à présent, a surtout refusé de jouer le jeu du respect de la chaîne du livre et de la fiscalité de notre pays". Et ce dernier de conclure : pour les fêtes, "si vous voulez bénéficier d'un choix illimité, allez en librairie !"

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© LIONEL BONAVENTURE/AFP

Le gouvernement s'empare du dossier. Ce dossier est très sensible dans le pays de l'exception culturelle. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, n'a donc pas tardé à réagir en annonçant lundi soir avoir saisi la médiatrice du livre. Car, aux yeux de la ministre, la formule d'abonnement à accès illimité "ne semble pas conforme à la loi".

"La loi de 2011 établit une règle : c'est l'éditeur qui fixe le prix de vente du livre numérique. A ce titre, l'offre proposée par Kindle Unlimited ne semble pas conforme à la loi", indique la ministre dans un communiqué. "Toutes les offres de livres doivent respecter le même principe fondamental : une juste rémunération de l'ensemble des acteurs concernés et, en particulier, des auteurs, car c'est la condition de la vitalité de notre création et de la préservation de la diversité culturelle", poursuit Fleur Pellerin.