La crise pour les 3,4 millions de cadres est loin d'être finie. Après déjà deux années de baisse, "aucune amélioration" des recrutements n'est prévue en 2010 par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) dans son baromètre pour 2010. Ainsi, 130 000 à 138 000 cadres devraient être recrutés, soit une baisse comprise entre -4 et -10% par rapport à 2009.
La situation est pire pour les jeunes. Les embauches pourraient chuter de 20 % à 27%. Le volume prévisible de recrutements de débutants (21.000 à 23.000 cette année) serait "très insuffisant pour les 120.000 jeunes concernés". "Cela nous ramènerait au niveau connu lors de la récession de 1993, à la différence qu'en 1993, il y avait moins de 70.000 jeunes Bac+4 sortant sur le marché du travail", souligne Pierre Lamblin, directeur d’études à l’Apec.
Linda, 25 ans et bac + 4 en poche, est au chômage :
"Un sénior apporte de l’expérience, de la technicité et de la bouteille. Dans les périodes de crise, c’est toujours bon de savoir franchir les obstacles et d’en avoir franchi", soi-même explique Jean-Christophe Sciberras, directeur des ressources humaines du groupe pétrochimique Rhodia.
La panne de recrutements affecte tous les secteurs mais frappe l'industrie "de plein fouet" avec une baisse prévue de 14% à 23% prévu en 2010. Toutes les fonctions sont touchées, sauf le commercial, l’informatique et la recherche & développement, ces deux dernières servant souvent de tremplin pour un premier emploi.
"Cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus de recrutements, mais il faut aller là où les entreprises embauchent, dans des bassins géographiques pas toujours attractifs", note Pierre Lamblin. "Dans le marasme ambiant", souligne l'Apec, Bretagne et Languedoc-Roussillon se distinguent avec davantage d'entreprises prévoyant d'accroître leur effectif en cadres, alors que l'Alsace, Champagne-Ardenne et Franche-Comté passent un moment difficile.