Les débats autour de l'avant-projet de loi El Khomri sur la réforme du droit du travail pourraient connaître un tournant, mardi. Enfin, les principaux syndicats ont décidé de se réunir en intersyndicale pour discuter d'un texte jugé trop favorable au patronat. La CGT a invité la FSU, FO, Solidaires, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, l'Unsa, l'Unef et l'UNL (lycéens) mardi à 18 heures dans ses locaux, à Montreuil, près de Paris, "afin d'échanger sur l'analyse de la situation sociale, économique et politique" de la France. Il s'agira "d'évaluer les champs d'éventuelles actions et initiatives communes", est-il indiqué dans l'invitation. Seule la CFTC, pourtant inquiète de l'impact du projet sur l'emploi, ne viendra pas à la rencontre. Cependant, elle "n'exclut pas de s'associer à d'autres organisations syndicales afin d'appuyer ses revendications", indique-t-elle dans un communiqué.
"Réaction forte". La CGT avait annoncé dès vendredi son intention de mettre en place "une réaction forte et unitaire du monde du travail" après la divulgation du projet de loi de Myriam El Khomri. Transmis au Conseil d'État, le projet de loi prévoit notamment la primauté des accords d'entreprise en matière de temps de travail, la possibilité de référendum pour valider des accords minoritaires, une "sécurisation" juridique du licenciement économique pour les entreprises, des indemnités prud'homales plafonnées et un recours facilité au forfait-jour dans les petites entreprises. "Elle (la loi) touche notre cœur de vie : le dialogue social, le tissu conventionnel, la convention collective, l'accord de branche... C'est notre vie, on ne peut pas rester insensibles", insiste la numéro deux de la CFE-CGC, Marie-Françoise Leflon, qui assistera à l'intersyndicale.
De son côté, la CFDT, qui a accompagné toutes les réformes du quinquennat (retraites, formation, sécurisation de l'emploi...), se montre très critique cette fois, en particulier concernant deux dispositifs prévus dans la loi : le barème prud'homal et le licenciement économique. Aucun communiqué commun ne devrait être publié à l'issue de la rencontre de mardi, mais d'autres réunions pourraient suivre. "Il ne faut pas s'attendre à une grande décision dès mardi soir", prévient-on à la CGT. Les intersyndicales se sont faites rares ces dernières années. La dernière, contre le poujadisme et la montée du Front National, remonte à fin 2013.