Pétrole : la mort du roi Abdallah peut-elle changer la donne ?

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ÉNERGIES- Le cours du baril, actuellement très bas, peut-il repartir à la hausse après la mort du roi Abdallah ?

Le décès du roi Abdallah d’Arabie Saoudite, annoncé vendredi, est tout sauf anodin. Dans un pays où toutes les décisions appartiennent in fine au souverain, ce changement d’homme suscite de nombreuses interrogations de par le monde. D’abord parce que l’Arabie Saoudite est un acteur-clé du Moyen-Orient, mais aussi parce qu’il s’agit du premier exportateur mondial de pétrole, dont les choix influencent directement les consommateurs du monde entier. Le nouveau roi va-t-il provoquer un changement de politique énergétique qui pourrait se traduire par une hausse des prix ?

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Pétrole Schiste

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L’Arabie Saoudite mène la danse sur le marché du pétrole. Le royaume est le principal acteur du marché pétrolier, d’abord en raison de ses réserves en sous-sol : il dispose des deuxièmes réserves mondiales de brut et des cinquièmes réserves mondiales de gaz naturel. Ce qui en fait le premier exportateur mondial et lui a permis de se constituer une réserve 750 milliards de dollars.

Pendant des décennies, le pays a donc donné le ton sur le marché pétrolier, mais aussi au sein des pays producteurs réunis au sein de l’Opep, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Un statut qui lui a permis de devenir un allié indéfectible des Etats-Unis et un acteur régional incontournable. 

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Mais sur la défensive face à une nouvelle concurrence. L’Arabie Saoudite a donc pendant longtemps joué le rôle de stabilisateur, en association avec celui qui fut longtemps son premier client, Washington. Mais ça c’était avant : depuis l’essor du gaz et du pétrole de schiste, Washington achète de moins en moins et est même en train de devenir l’un des principaux producteurs mondiaux d’hydrocarbures.

Décidé à conserver son leadership, l’Arabie Saoudite a donc opéré depuis peu un virage stratégique : augmenter sa production alors que la croissance mondiale, et donc la demande, ralentit. Objectif de la manœuvre : provoquer une chute des prix qui rend l’exploitation du pétrole de schiste non rentable. Une politique de la terre brûlée dont il espère ressortir vainqueur puisqu’il dispose d’une réserve financière sans commune mesure avec ses concurrents.

Paradoxalement, Les Etats-Unis ont laissé faire car cette politique affaiblit ses adversaires du moment, qui ne vivent pratiquement que grâce à leurs exportations d’hydrocarbures : la Russie, l’Iran ou encore le Venezuela. Mais cette stratégie a tellement bien marché que les prix du baril sont très bas et que le secteur énergétique américain, en plein essor jusqu’à la mi-juin 2014, commence à licencier.

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Pas de changement stratégique en vue. Le secteur pétrolier traverse donc une pahse de turbulence inédite, si bien que le moindre ajustement de la politique pétrolière de Riyad peut avoir de sérieuses conséquences pour les consommateurs du monde entier, mais aussi en termes géopolitiques. Et la mort du roi Abdallah fait partie des évènements qui peuvent modifier les équilibres.

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Mais le nouveau régime a tenu à préciser rapidement ses intentions : il n'y aura pas de changement dans la politique du royaume, a assuré le roi Abdel Aziz Ben Saoud lors de son premier discours. Visiblement, les observateurs le croient. "Après la mort du roi, je ne m'attends pas à un changement significatif de la politique pétrolière de l'Arabie saoudite, et j'espère qu'ils continueront à être un facteur de stabilité sur les marchés pétroliers, particulièrement en ces jours difficiles", a ainsi abondé Fatih Birol, chef économiste de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), l’organisme chargé de défendre les intérêts des pays consommateurs de pétrole.

"Le roi Salmane pourrait être plus conservateur sur les questions sociales, mais il n'y aucune bonne raison de penser qu'il va profondément modifier la politique pétrolière", a renchéri Julian Jessop, de l'institut Capital Economics. En l'occurence, affaiblir ses concurrents et surtout empêcher le développement du pétrole de schiste.

>> Retrouvez, sur le même, l'édito économique de Nicolas Barré :