Pourquoi votre carte bancaire vous coûte cher

© MAXPPP
  • Copié
Aurélie Frex avec AFP , modifié à
L’UFC Que Choisir critique un système "archaïque" et formule des propositions pour l’améliorer.

36,30 euros par an en moyenne pour une carte classique, dont 15,30 euros qui n'ont "aucune justification économique identifiée". Les frais liés aux cartes bancaires, particulièrement élevés en France, sont jugés "opaques" par l’UFC-Que Choisir. Parlant d’un système "archaïque" et "juteux" pour les banques, et ce au détriment des consommateurs, l’association a émis mardi des propositions pour l’améliorer, et notamment aboutir à une "carte responsable". Celles-ci seront transmises à Bercy.

Passer au système "online". En France, le système de paiement par carte bancaire se fait "offline" depuis les années 1970, où les télécommunications étaient bien plus coûteuses. Or, dans la plupart de nos voisins européens, c’est le système "online" qui a été choisi. Celui-ci permet, selon l’UFC-Que Choisir, que "lors d'un paiement par carte, le terminal s'assure systématiquement que la somme est disponible sur le compte, et non plus occasionnellement".

Une vérification automatique qui peut permettre des économies aux consommateurs, qui s‘évitent ainsi des découverts trop élevés et donc des incidents de paiement à répétition avec les banques, selon l'association, qui déplore un système actuel "pousse-au-crime".

La Fédération bancaire française (FBF) a vivement réagi à cette proposition, la jugeant « plus contraignante pour les consommateurs et les commerçants", dans un communiqué.

Supprimer les commissions d'intervention. Ces commissions, facturées en moyenne 8,50 euros, se déclenchent automatiquement en cas d'incident de paiement et peuvent s'accumuler avant que le client ne soit alerté, alors qu'il paye des frais de tenue de compte. L’UFC-Que choisir propose tout simplement leur suppression, d’autant que leur coût peut atteindre plusieurs centaines d'euros par mois et fragiliser encore des clients déjà en difficulté.

"Où est alors le devoir de conseil et de surveillance des comptes ?", s’est ainsi interrogé mardi Alain Bazot, président de l’UFC, qui réclame une meilleure information du client, pour qu'il puisse agir en amont des incidents.

Une "carte modulable". L’un des problèmes pointés par l’association est que les banques françaises proposent des «cartes surdimensionnées aux besoins réels des clients", qui n’utilisent "que 15,8% des capacités de leur carte". D’où l’utilité, de "cartes modulables". Beaucoup de porteurs de carte internationale pourraient ainsi se contenter d'une carte nationale, moins chère, qu'ils réclament quelquefois sans arriver à l'obtenir, propose ainsi l’association.

Autre incohérence : les 23% de clients qui ont des découverts non autorisés paient chaque année à leurs banques 2,7 milliards d'euros de frais d'incidents dus à leur carte bancaire, alors que le traitement de ces incidents ne coûterait aux banques que 459 millions d'euros, dont 172 pour les commissions d'intervention.

Les frais d’investissement et la sécurité. Réagissant aux propositions de l’UFC, la Fédération bancaire française s'est dite perplexe quant à la provenance de certains des chiffres avancés par l'UFC. "Les coûts pour les investissements technologiques, la sécurité, le service des retraits d'espèces aux 54.600 distributeurs disponibles 24H/24 sont très élevés", a-t-elle avancé, précisant qu'une étude d'Eurogroup réalisée fin 2010 évaluait "le traitement des espèces (essentiellement pour alimenter les Dab) à plus de 3 milliards d'euros par an pour les banques françaises."