"L'entretien a été très constructif". Ainsi se réjouissait le patron de PSA, Philippe Varin, à l'issue de sa réunion avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault lundi. Mais que se sont-ils vraiment dit, outre les quelques phrases floues communiquées peu après la rencontre ? Selon nos informations, PSA a demandé des aides publiques pour son usine de Sevelnord, dans le Nord, qui emploie 2.700 personnes.
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Le groupe ne demanderait pas moins de 100 millions euros, pour développer un nouveau projet de véhicules dans l'usine, former les ouvriers et moderniser le site. La direction a "indiqué qu'elle avait du mal à atteindre ses objectifs en termes de coûts et qu'elle était à la recherche de compléments financiers", selon une source proche.
Gel des salaires et baisse des RTT pour les ouvriers
Cette demande d'aide est peut être bonne à prendre pour le gouvernement, qui pourra s'en servir pour demander à PSA d'alléger son plan de 8.000 suppressions de postes. Mais elle passe mal pour les syndicats. "C'est du chantage. On ne peut pas demander des sacrifices démesurés aux salariés tout en donnant de l'argent public à la direction de PSA", proteste Ludovic Bouvier, secrétaire général CGT de l'usine Sevelnord, qui argue que le groupe a versé l'an dernier "200 millions d'euros aux actionnaires."
Ce qui fait tiquer la CGT, c'est que le groupe prévoit un véritable plan de rigueur pour son site du Nord. Pour faire face aux baisses d'activité du site, PSA négocie un accord de compétitivité avec les salariés. Celui-ci prévoit de conditionner la production d'un nouvel utilitaire sur le site français à un gel des salaires pendant deux ans, une baisse du nombre de RTT, une adaptation du temps de travail qui se cale sur les besoins de production ou encore une mobilité accrue des salariés.
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Selon les informations d'Europe1, cet accord de compétitivité, qui serait une première en France, pourrait être signé sur le site dès vendredi malgré les réticences des syndicats. Contacté par Reuters, le gouvernement n'a fait aucun commentaire sur cette question.
La bouffée d'oxygène Toyota
L'usine de Sevelnord craint pour son avenir depuis que Fiat a décidé de ne pas renouveler son partenariat sur place après 2017. Le site produira encore des utilitaires pour le groupe italien jusqu'en 2016, et également pour Toyota à partir de l'année prochaine. Mais au-delà de ces véhicules, l'attribution d'un modèle de nouvelle génération - nom de code K-Zéro - reste conditionnée à cet accord de compétitivité.
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PSA a annoncé lundi avoir trouvé avec Toyota le partenaire qu'il recherchait depuis l'annonce du départ de Fiat pour développer son futur programme de véhicules utilitaires. "Il est prévu que Toyota Motor Europe participe directement au développement et aux investissements industriels relatifs à cette prochaine génération de véhicules", ont déclaré PSA et Toyota dans un communiqué commun.
A plus court terme, Sevelnord a reçu lundi une bouffée d'oxygène avec l'annonce de la production à partir du deuxième trimestre 2013 de fourgonnettes pour le compte de Toyota. Selon le quotidien économique japonais Nikkei, PSA pourrait fournir à Toyota entre 5.000 et 10.000 véhicules par an, un volume sur lequel un porte-parole de PSA n'a pas souhaité faire de commentaire.