Le groupe pétrolier Total a perdu son PDG, Christophe de Margerie, décédé lundi soir dans le crash de son avion à Moscou. Mais le géant français de l’énergie n’est pas un cas isolé : de gré ou de force, EDF, GDF ou encore Areva ont ou vont changer de dirigeant. "C’est un concours de circonstance absolu", comme l’a souligné Michel Sapin mardi matin sur Europe 1, mais la simultanéité de ces changements ne sera pas sans conséquences. D’autant que ce bouleversement intervient alors que l’Assemblée nationale vient à peine d’adopter la loi de transition énergétique, une réforme qui va changer la donne pour tous ces groupes.
Hécatombe à la tête des champions français. La disparition tragique de Christophe de Margerie, PDG de Total, est intervenue quelques heures à peine après une autre annonce de taille dans le domaine de l’énergie. Lundi soir, Luc Oursel, PDG du spécialiste du nucléaire Areva, annonçait son départ imminent pour des raisons de santé.
La semaine précédente, le gouvernement entérinait le départ d’Henri Proglio, bientôt remplacé à la tête d’EDF par Jean-Bernard Lévy. Et pour compléter le tout, GDF-Suez prépare également la succession de son PDG, Gérard Mestrallet, qui pourrait laisser la main à Isabelle Kocher d’ici début 2016. Une liste déjà longue à laquelle on pourrait aussi ajouter Alstom, démembré cet été et qui a vu sa branche énergie (centrales électriques, turbines, gestion de réseaux, etc.) rachetée par l’Américain General Electric.
Une valse des dirigeants en pleine transition énergétique. Cette succession d’évènements est d’autant plus inédite qu’elle intervient alors que les parlementaires ont adopté la loi de transition énergétique. Un texte qui va profondément les impacter puisque cette réforme prévoit de réduire par deux la consommation énergétique de la France d’ici 2050, de réduire la part du nucléaire dans notre électricité de 75% aujourd’hui à 50% en 2025, mais aussi augmenter la part des énergies renouvelables.
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"La loi sur la transition énergétique va être mise en œuvre, par un concours de circonstances absolu, par de nouvelles équipes. Peut-être est-ce un moment important pour la France, où on prend un virage respectueux de l’environnement et en même temps pour plus de croissance, plus d’activité", a commenté le ministre des Finances Michel Sapin, mardi matin sur Europe 1. Avant de souligner que l’énergie doit rester un point fort de l’industrie française : "une des puissances mondiales dans le domaine énergétique, c’est la France. Disons-le, reconnaissons-le, soyons en fiers".
"Une transition managériale dans un secteur entier". Même si l’Etat restera mobilisé sur ce dossier, ce changement de têtes s’annonce délicat. "Il y a une transition managériale dans un secteur entier… Ce qui ne s’est jamais vu", a résumé le patron de Publicis, Maurice Lévy, mardi matin sur Europe 1.
"C’est toujours préoccupant de voir une situation pareille où l’ensemble des patrons d’un secteur bougent simultanément. Les risques ? Ce sont des risques classiques d’ajustement sur les stratégies, de perdre un peu trop de temps, de voir des concurrents prendre des positions, de se tromper de stratégie sur certaines décisions", a-t-il détaillé, avant d’ajouter : "des hommes de qualité vont être nommés, j’en suis absolument certain, des hommes et des femmes. Je pense que les choses iront bien mais ça va demander un peu de temps".
Cette transition risquée pourrait aussi devenir une chance. Les champions français auraient en effet intérêt à profiter de cette vague de nominations pour clarifier leurs positions les uns vis-à-vis des autres dans une période où les besoins mondiaux en énergies vont grandissant. Or plutôt que d’envoyer un seul candidat pour chaque projet, les Français ont eu tendance ces dernières années à se tirer dans les pattes et à perdre des contrats au profit de concurrents qui, eux, s’était concertés au niveau national.