• L'INFO. Il aura pour rôle d'assurer la liaison entre les différents ministres des Finances de la zone euro, et de coordonner leurs politiques. Le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem a été désigné lundi nouveau président de l'Eurogroupe, à la place de Jean-Claude Juncker. "Cette candidature devrait être acceptée par consensus", avait confirmé Pierre Moscovici dès dimanche, interrogé par RFI-TV5-Le Monde. Mais le ministre français de l’Économie, un temps pressenti pour le poste, avait prévenu : "il s'agit de ne pas lui donner de chèque en blanc et j'attends que l'on garde une vision inspirée, qu'on n'ait pas une vision restrictive".
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• "Dijsselbloem est une page blanche". Jeroen Dijsselbloem (prononcer: Yé-roun deille-seul-bloum), actuel ministre travailliste des Finances des Pays-Bas, n'a, à 46 ans, que 11 semaines d'expérience gouvernementale. Il était d'ailleurs relativement inconnu, même dans son propre pays, au moment de prendre le portefeuille des Finances. Sa personnalité "aimable" mais "réservée" l'a longtemps tenu à l'écart des médias : selon le quotidien protestant Trouw, "il ne cherchait pas les caméras et les caméras ne le cherchaient pas, il semble ennuyeux et austère". "Dijsselbloem est une page blanche, et qu'il devienne ministre des Finances était une surprise parce qu'il n'a jamais eu un profil lié aux finances en tant que politicien", s'est d'ailleurs étonné Bas Jacobs, économiste à l'université de Rotterdam.
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• Un "stratège époustouflant". Il n'en reste pas moins "un stratège époustouflant", selon le quotidien économique Financieel Dagblad. Le quotidien de centre-gauche De Volkskrant le trouve, quant à lui, "un brin guindé et loyal, tout comme un chien guide d'aveugle". Jeroen Dijsselbloem est également reconnu comme un bon dirigeant et un médiateur d'exception, un diplomate qui laisse "parler les gens et sait les écouter", selon un ancien membre d'une commission parlementaire qu'il a dirigée. Il a par ailleurs été nommé "chevalier de la morale" après avoir plaidé devant le Parlement pour des clips moins violents à la télévision.
Moscovici "se sent assez en phase" avec lui
• Membre des "Ingénieurs rouges." Jeroen Dijsselbloem et les deux figures du parti travailliste néerlandais Staf Depla et Diederik Samsom avaient pris ce nom lors de la campagne pour les législatives de 2003, en référence à leurs études scientifiques. Ils avaient alors sillonné les Pays-Bas vêtus de combinaisons rouges, plaidant notamment pour que les immigrés suivent des cours sur la société néerlandaise afin de mieux s'y intégrer. Il s'occupait, au sein du parti travailliste, des dossiers liés à l'enseignement, aux soins de santé, aux politiques d'asile et à la jeunesse, tout en restant dans l'ombre. Jeroen Dijsselbloem est par ailleurs un fervent partisan de l'équilibre budgétaire et dirige les Finances d'un pays dont la dette est toujours notée triple A, la meilleure note. Pierre Moscovici a salué dimanche un "social-démocrate" avec qui il "se sent assez en phase."
• Une famille apolitique et catholique. Né à Eindhoven de parents enseignants, Jeroen Dijsselbloem a grandi dans une famille apolitique et catholique. Son amour de la chose publique surgit vers 15 ans après sa participation, malgré l'interdiction de ses parents, à une manifestation contre l'installation de missiles de la guerre froide aux Pays-Bas en 1983. Père de deux adolescents, une fille et un garçon, cet admirateur de Miles Davis et des Monty Python vit actuellement en concubinage. Il se décrit lui même comme un "Père Noël à l'envers": en tant que ministre des Finances, il doit "'s'assurer qu'aucun cadeau ne soit distribué et que chacun paie son dû en temps et en heure", avait-il affirmé dans un entretien publié par De Volkskrant.