Une agriculture moins verte et plus intensive. Voilà le plan présenté mercredi par la Commission européenne lors de son sommet à Bruxelles pour limiter l'impact de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale. Au menu notamment, une mesure contestée : l'exploitation des quatre millions d'hectares en jachère sur le sol européen, qui va en contradiction avec les objectifs du pacte vert européen et la volonté des défenseurs de l'environnement.
La Russie et l'Ukraine représentent 30% des exportations de blé dans le monde, alors les Européens vont tenter de doper leur production pour éviter les risques de pénuries et l'inflation des prix agricoles. Pour la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), malgré les contradictions, c'est un ensemble de mesures indispensables.
"On ne peut laisser des gens mourir de faim"
En Bretagne, dans la ferme de Laëtitia Bouvier, membre du syndicat agricole, cette mesure sonne comme une évidence. "Ce n'est pas du tout ce que préconisent les écologistes, j'en suis consciente. Sauf qu'on ne peut pas laisser des gens mourir de faim", affirme l'éleveuse de vaches laitières.
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Le conflit est à 2.500 kilomètres de ses 65 vaches laitières. Pourtant, l'éleveuse suit de près ce combat et s'inquiète. "Moi, je regarde plus loin que la ferme. Là, on est devant les champs, les vaches sont dehors et elles ont leur alimentation avec l'herbe. Mais l'herbe, on n'en a pas toute l'année. Il y a besoin de compléter avec d'autres types de nourriture et je pense à mes collègues qui sont en volailles, en cochons, qui ont besoin aussi d'alimentation", explique-t-elle.
Produire autant que la Russie et l'Ukraine
Il reste une urgence pour l'éleveuse : mettre fin aux restrictions de la politique agricole commune de mise en jachère de 4% des terres cultivables. "Dans le contexte de guerre, on ne peut pas se permettre de ne pas produire d'alimentation sur 4% de la surface. C'est ne pas implanter les jachères prévues. C'est celui du blé, du colza. Il faut qu'on mette toutes nos chances de notre côté pour produire assez d'alimentation pour tout le monde. Toute la surface ukrainienne est déjà perdue. Il faut qu'on arrive à produire autant qu'eux sur moins de surfaces", détaille-t-elle.
"Donc on a besoin de produits qui soient naturels ou chimiques", s'inquiète Laëtitia Bouvier. Dans ce contexte de guerre, les mesures pour une agriculture plus raisonnée attendront. La Commission européenne a renoncé à publier mercredi deux propositions législatives, l'une sur la baisse de 50% des pesticides d'ici 2030, l'autre sur la part du bio porté à 25%.