Jean-Marc Janaillac met la pression sur les syndicats. Le patron d'Air France, invité de la Matinale d'Europe 1 mercredi, a estimé que l'offre faite aux syndicats était "forte et raisonnable", et qu'il ne comprendrait pas qu'ils refusent de venir en discuter. "Je ne pourrais pas comprendre que les syndicats n'entrent pas en négociation alors qu'on leur propose une augmentation de 2% cette année. Je ne sais pas s'il y a beaucoup d'entreprises en France qui offrent ce type d'augmentation et qui par ailleurs proposent d'entrer dans une négociation pluriannuelle salariale", a-t-il notamment commenté. "Je pense que ce serait irresponsable de ne pas rentrer dans ces négociations alors que la direction d'Air France offre une main tendue", a-t-il commenté.
Mardi soir, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation, la direction d'Air France avait ainsi proposé l'ouverture rapide d'une négociation sur les salaires couvrant 2019 à 2021 pour sortir d'un conflit évalué à 170 millions d'euros pour sept jours de grève. Mais cette offre a été accueillie fraîchement par les pilotes qui réclament 6% d'augmentation générale au titre des efforts passés et des bons résultats de l'entreprise. L'intersyndicale avait alors dénoncé "l'inaptitude au dialogue de la direction".
"Une proposition forte et raisonnable". "La proposition qui a été faite est à la fois forte et raisonnable", a insisté mercredi Jean-Marc Janaillac. "Elle consiste à dire : 'Ces 6% que vous demandez, c'est totalement irréaliste cette année, mais projetons-nous dans l'avenir, sur 2019, 2020 et 2021, fondons ensemble un pacte de croissance et commençons à faire une négociation salariale sur ces trois années'".
"Air France offre une main tendue". Pour le PDG, "le rôle et la place d'Air France" seraient menacés si les syndicats refusaient de participer à cette négociation et si les demandes d'augmentation "déraisonnables" selon ses termes, étaient mises en oeuvre. "Air France est l'une des compagnies parmi les moins rentables d'Europe et elle est face à une concurrence redoutable et qui s'accroît", insiste le PDG d'Air France-KLM. "Cet été, nous aurons des low-cost vers les Antilles, vers les Etats-Unis. Easy Jet ouvre des bases en France. Je suis confiant dans le fait que la majorité des salariés d'Air France réalise que le monde dans lequel nous vivons n'est pas celui qui existait il y a dix ans, qu'il faut savoir s'adapter et que le niveau d'effort qui leur est demandé est tout à fait raisonnable. Je ne peux pas imaginer que les syndicats d'Air France refusent la proposition qui leur a été faite pour permettre de poursuivre cette croissance qui profite à tous et qui va créer des emplois pour Air France", martèle-t-il encore.
"L'Etat a son rôle à jouer". Et pour Jean-Marc Janaillac, la négociation ne se situe pas qu'avec les syndicats. "L'État a son rôle à jouer. Nous sommes d'ailleurs au milieu des assises sur le transport aérien (Prévues jusqu'en septembre ndlr). Le gouvernement a clairement dit et pris la mesure des facteurs négatifs qui pèsent sur l'environnement du transport français. Nous attendons qu'il tire les conséquences des rapports et de toutes les analyses qui ont été faites. Ils montrent que le transport aérien français - et pas uniquement Air France - souffre de handicaps qui pèsent face à la concurrence internationale", souligne Jean-Marc Janaillac.