Airbus va fabriquer ses premiers avions "Made in USA". Le constructeur inaugure lundi à Mobile, dans le sud de l'Alabama, son premier site d'assemblage aux Etats-Unis, pré carré de son grand rival Boeing. Cette usine est la seconde du groupe hors de ses terres européennes après celle de Tianjin, en Chine.
Une usine pour quoi faire ? Airbus va y assembler des appareils de la famille du monocouloir A320 (A319, A320 et A321), son best-seller lancé en 1988. Airbus espère y produire quatre avions par mois à partir de 2018, soit 40 à 50 par an. L'assemblage du premier appareil, un A321 devant être livré mi-2016, a déjà commencé. Des pièces (cockpit et ailes notamment) ont fait une entrée triomphale à la mi-juin à Mobile, première capitale de la Louisiane à l'époque française.
225 employés... en partie formés en France. Le site, dont les travaux ont coûté 600 millions de dollars, va employer au départ 225 employés, recrutés dans la région. Au pic de la production, il comptera un millier de personnes, promet Airbus, qui a bénéficié de millions de dollars de subventions publiques sous la forme d'abattements fiscaux et d'aides directes. Des salariés ont suivi des stages de perfectionnement dans des usines Airbus à Hambourg, en Allemagne, et à Toulouse, en France.
Une main d'oeuvre moins cher... Mobile va donner plus de flexibilité à Airbus, s'accordent en tout cas les analystes. En produisant aux Etats-Unis c'est-à-dire en zone dollar, monnaie dans laquelle sont vendus les avions, Airbus va moins dépendre des variations de la parité euro/dollar et économiser sur ses couvertures de change.
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— AFEDS-IHEDN (@AFEDS_IHEDN) 13 Septembre 2015
"Mobile fait aussi pression sur les syndicats en Europe parce que le coût de la main-d'oeuvre est moins cher en Alabama", explique par ailleurs Richard Aboulafia, chez Teal Group Corporation. Ancien Etat ségrégationniste, l'Alabama a l'un des salaires minimum les plus bas des Etats-Unis - 7,25 dollars de l'heure -, offre une fiscalité souple et les grèves y sont rares. Moins de 10% des salariés de cet Etat sont syndiqués.
... Mais davantage de coûts de transport. Airbus ferme toutefois les yeux sur le fait qu'un avion assemblé à Mobile va revenir plus cher qu'un appareil fabriqué en Europe à cause des coûts de transport et de la parité euro/dollar actuelle. Les pièces des avions assemblées à Mobile sont produites en Europe, d'autres (pompes à fioul et valves hydrauliques) aux Etats-Unis et envoyées sur le Vieux Continent, avant d'être réexpédiées.
Objectif : rattraper le retard sur Boeing. En s'implantant à Mobile, Airbus espère surtout jouir d'un argument commercial de poids auprès des compagnies américaines qui sont en train de renouveler leurs flottes. Et pourquoi pas refaire son retard sur Boeing ? Il y a trois ans, avant l'annonce de ses projets américains, la part de marché d'Airbus aux Etats-Unis était de 20%, contre 80% pour son concurrent, selon Jacques Rocca. Mais depuis elle est passée à 40% grâce à de grosses commandes de Delta Air Lines, American Airlines et Frontier.