La polémique n'en finit pas. Alors que le gouvernement s'est donné "dix jours pour apporter des réponses" aux salariés d'Alstom à Belfort, les syndicats ont lancé un appel à la grève le 27 septembre. Une semaine après l'annonce du groupe d'arrêter la production de trains sur le site d'ici à 2018, François Hollande a répété mardi que "tout sera fait pour que le site Alstom de Belfort soit pérennisé" pour "plusieurs années".
"Le gouvernement est d’une inconséquence rare". "Il faut accompagner la fermeture du site de Belfort", estime au contraire l'essayiste et conseiller économique politique Alain Minc. "Le gouvernement est d’une inconséquence rare", dénonce-t-il sur Europe 1. "Au lieu de dire : 'il n'y aura pas de licenciements secs, mais un plan de reconversion, on va essayer de promouvoir de nouvelles entreprises', à cause du syndrome Florange, il est en train de tordre le bras d’une entreprise indépendante qu’est la SNCF pour acheter des trains. Tout cela est absurde."
Parmi les cinq pistes envisagées pour apporter "immédiatement" un surcroît d'activité à l'usine de Belfort, la plus imminente est en effet celle de la "négociation directe" entre la SNCF et Alstom pour six TGV destinés à la ligne Paris-Turin-Milan. De quoi apporter "au moins dix mois" de travail supplémentaire à Belfort, selon Alain Vidalies, le secrétaire d'État aux transports, peu préoccupé de l'avis de la direction d'une SNCF qui "appartient aux Français".
"On n'a pas senti la même énergie pour SFR". "L'État emprunte 20% du capital d'Alstom", continue Alain Minc. "Et un actionnaire qui a 20% n’est pas en état de peser sur une décision qui est très partielle pour le groupe : Alstom a encore 20.000 salariés. On n'a pas senti la même énergie lorsque le gouvernement a validé la disparition de 5.000 emplois chez SFR", accuse encore l'économiste, qui parle de "lâcheté politique". "Si le ministre de l’Économie était encore Emmanuel Macron, j’ose espérer qu’il l’aurait fait", conclut-t-il.