Le ministre français des Finances, Bruno le Maire, a confirmé mercredi le rejet attendu par la Commission européenne du projet de fusion entre Alstom et Siemens, fustigeant "une erreur" qui "va servir les intérêts" de la Chine.
"Une erreur économique"... "Je crois que les jeux sont faits", a affirmé le ministre sur France 2. "Je le regrette profondément parce que je considère que c'est une erreur économique", "une faute politique" qui "affaiblit l'Europe", a-t-il dénoncé. "Le rôle de la Commission européenne, des institutions européennes, c'est de défendre les intérêts économiques et industriels européens", a-t-il rappelé, manifestement agacé par le probable refus de la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, de donner le feu vert à la naissance d'un géant européen du ferroviaire.
... qui va "servir les intérêts de la Chine". "La décision que s'apprête à prendre la Commission européenne va servir les intérêts économiques et industriels de la Chine", a-t-il regretté. Elle "empêche Alstom et Siemens, les deux champions de la signalisation et du ferroviaire, de fusionner pour avoir le même poids que le grand champion industriel chinois", a ajouté Bruno Le Maire.
Le ministre a dénoncé "des règles obsolètes qu'il faut refonder". "Il y aurait pu y avoir une autre interprétation des règles européennes et je conteste l'analyse technique qui a été faite de ce dossier par la Commission européenne", a-t-il assuré.
Le Maire veut "refonder les règles de la concurrence européenne". Bruno Le Maire a d'ailleurs annoncé son intention de présenter avec le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier des propositions pour "refonder les règles de la concurrence européenne". La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, devrait mettre son veto au projet de fusion, annoncé en grande pompe en septembre 2017, ont affirmé trois sources à Bruxelles et une source du gouvernement français. La commissaire danoise s'est inquiétée à maintes reprises des effets de ce rapprochement. Il réduirait le nombre d'industriels rivaux dans l'Union, ce qui risquerait de faire monter les prix des trains pour les compagnies ferroviaires, et celui des billets pour les consommateurs.