Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a présenté vendredi ses arbitrages sur la déclinaison française de la PAC, la politique agricole commune de l'Union européenne, pour la période 2021-2027. Et il n'y a pas de grand bouleversement au programme. Aucun transfert n'est par exemple prévu du "premier pilier" (qui représente la majorité de la PAC avec les aides à l'hectare) au "deuxième pilier" qui vise à accompagner la modernisation des exploitations et des pratiques agricoles.
Des organisations paysannes et environnementales claquent la porte
En revendiquant une certaine "stabilité" tout en réfutant tout "immobilisme", Julien Denormandie s'est attiré les foudres de plusieurs organisations paysannes et de défense de l'environnement qui jugent que ce plan stratégique national soutient un modèle agricole à bout de souffle, trop peu vert et trop peu bio. Ces organisations (Fédération nationale d'agriculture biologique, Confédération paysanne, WWF France, Greenpeace et d'autres), réunies dans le collectif "Pour une autre PAC", ont donc "claqué la porte" d'une réunion avec le ministre en visioconférence.
De son côté, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), le principal syndicat agricole, a salué "des orientations pertinentes" et des "avancées". Pour sa présidente Christiane Lambert, la position de ces contestataires est "exagérée". "Au contraire, pour les agriculteurs, c'est vraiment un virage environnemental fort", tranche-t-elle samedi sur Europe 1. "Certains vont d'ailleurs avoir du mal à y arriver. Moi, je défends plutôt ceux qui essayent de faire des efforts au quotidien."
Une partie des aides conditionnées "au fait de faire plus en matière environnementale"
La président de la FNSEA met en avant qu'"il y a plus 25% d'aides pour l'agriculture biologique et une stabilité des mesures agri-environnementales". "Et désormais, 25% des soutiens aux agriculteurs sont conditionnés au fait de faire encore plus en matière environnementale", ajoute-t-elle.
Son syndicat se félicite aussi de "l'accompagnement de la production de protéines". "En ce moment, on importe beaucoup de soja d'Amérique du Sud donc c'est de la déforestation importée. Nous allons maintenant pouvoir produire plus de protéines en France à la fois en cultures et aussi pour nos animaux, nos herbivores", illustre Christiane Lambert.
La dirigeante du syndicat agricole pointe toutefois un bémol à ses yeux : "Nous aurions voulu qu'il y ait plus de dispositifs sur l'assurance, notamment par rapport aux événements climatiques récents comme le gel et la sécheresse", conclut-elle.