Consciente qu’elle perd du terrain, la SNCF a décidé d’innover. Pour reconquérir sa clientèle - elle a transporté en 2014 un million de voyageurs de moins que l’année précédente -, la compagnie ferroviaire a dévoilé mercredi une nouvelle offre, baptisée TGV Pop. Une formule censée séduire les plus jeunes mais qui va complexifier un peu plus la lisibilité des tarifs de la SNCF.
TGV Pop, un train qui ne part que s’il y a assez de monde. La promesse est alléchante : avec son offre TGV Pop, la SNCF promet des billets à 25 ou 35 euros vers une trentaine de destinations. Sauf qu’il y a un truc : pour arriver à des prix aussi compétitif, la compagnie ferroviaire a imaginé un système pour le moins original.En effet, l’offre TGV Pop ressemblera étrangement à ce qu’il se fait sur certaines radios où les auditeurs sont invités à voter pour leur chanson préférée et qui ne diffuse que le morceau le plus populaire. Suivant ce principe, la SNCF proposera plusieurs trains et laissera les voyageurs intéressés voter. Si ces derniers sont assez nombreux, le train partira. Mais dans le cas contraire, il sera tout simplement annulé.
"Il y a une inconnue", concède Rachele Picard, directrice de Voyages SNCF, "la grosse inconnue c’est finalement de ne pas savoir si le train va partir et à quelle heure. Donc, oui, on aura des risques à gérer, si on doit annuler par exemple". En juillet et août, 203 trains seront ainsi proposés au vote des internautes pour cette offre baptisée #TGVpop, soit environ 100.000 places. Selon la distance, le tarif sera de 25 ou 35 euros, et 5 euros de plus pour voyager en première classe. A condition bien sûr qu’ils partent…
Une offre pour quels voyageurs ? Avec un tel principe, la SNCF ne s’adresse qu’aux voyageurs n’ayant aucun impératif et assez de temps libre pour gérer l’imprévu. En clair, les jeunes, les étudiants, les demandeurs d’emplois et les retraités.
Or c’est précisément le profil de voyageurs que la SNCF cible car, au-delà de l’aspect loterie, le vrai objectif de l’offre TGV Pop est de répondre à l’essor du covoiturage, qui séduit le même public. Car la SNCF est en sûre : c’est en grande partie à cause de Blablacar, La Roue Verte et des autres sites mettant en relation conducteurs et passagers que ses TGV se vident.
La SNCF a donc décidé de contrer le covoiturage en agissant sur plusieurs leviers. D’abord en investissant ce secteur avec le rachat du site 123envoiture.com, racheté en 2013 et rebaptisé IDVroom. Ensuite en lançant cette offre TGV Pop, qui se veut encore moins chère que le covoiturage : "35 euros sur Marseille, on est moins chers que la voiture", a ainsi souligné Rachel Picard.
En attendant le choc de simplification... Si cette offre trouvera probablement son public, elle contribue à rendre encore un peu plus illisible l’offre commerciale de la SNCF. La liste commence en effet à devenir longue : offre classique, Prem’s, IDTGV, Ouigo, et donc TGV Pop. Avec, à chaque fois, des conditions de voyage et de ventes particulières.
"On est en train de tester beaucoup de choses, on va faire du tri, on va rationaliser les offres l'année prochaine, à partir de janvier", a d’ailleurs assuré la directrice de Voyages SNCF, "en début d'année il y aura un certain nombre de choses dans l'ensemble de la gamme qui iront dans le sens de la simplification". En attendant, la SNCF n’hésite pas à complexifier son offre, preuve qu’elle prête à tout essayer pour retrouver ses clients.