Tous les candidats à la primaire de la droite le promettent avec ferveur : une fois au pouvoir, ils allégeront la fiscalité. L'Institut Montaigne s'est penché sur les détails des programmes de chacun pour passer au crible les propositions. Et évaluer les gains potentiels pour les Français.
Les coûteuses baisses de Sarkozy et Copé. Jean-François Copé comme Nicolas Sarkozy sont partisans d'une baisse pure et simple de l'impôt sur le revenu. Les mesures du député-maire de Meaux, par exemple, permettraient selon l'Institut Montaigne de baisser l'impôt de 130 euros par an et par ménage en moyenne. L'ancien président, lui, va plus loin, en proposant une économie de 200 euros annuels.
Mais ces propositions sont coûteuses, note le think tank. Celles de Nicolas Sarkozy pèseraient à hauteur de 7 milliards d'euros sur le budget de l'État, quand celles de Jean-François Copé sont évaluées à 5 milliards. Ce qui ne manquera pas de creuser le déficit, au moins à court terme. Car si les deux hommes promettent des baisses de dépenses votées concomitamment pour compenser, ces dernières vont mettre plus de temps à produire leurs effets.
Je veux baisser les impôts des Français parce que si les classes moyennes décrochent, l'économie française sera finie. #ToutPourLaFrancepic.twitter.com/CM8mQyEKaH
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 4 novembre 2016
Jouer sur le quotient familial. D'autres candidats penchent pour des réductions ciblées plus qu'une baisse globale. François Fillon, Bruno Le Maire ou encore Alain Juppé veulent ainsi relever le plafond du quotient familial, qui permet d'avoir des réductions d'impôt en fonction du nombre d'enfants. Ils s'adressent ainsi directement à leur électorat : des familles plutôt aisées, qui ont vu leurs impôts augmenter sous François Hollande.
Dans le détail, François Fillon veut relever le quotient familial à 3.000 euros par demi-part, en plus d'en rétablir l'universalité. Ce qui coûterait près de 3 milliards d'euros par an, selon l'Institut Montaigne. Les mesures proposées par Alain Juppé sont légèrement moins coûteuses : 2,1 milliards d'euros. Tandis que celles de Bruno Le Maire sont estimées à 1,6 milliards.
NKM et la "flat tax". Enfin, Nathalie Kosciusko-Morizet se distingue par des propositions singulières. La députée de l'Essonne souhaite remplacer le système actuel par un taux d'imposition unique de 23,5%. Cette "flat tax" serait assortie de ce que la candidate appelle un "revenu de base" de 470 euros sous la forme d'un impôt négatif. Autrement dit, il faut retrancher 470 euros du montant réclamé par l'administration fiscale. Une personne qui, taxée à 23,5%, devrait 470 euros d'impôt, n'aurait donc finalement rien à payer.
.@nk_m "Je suis pour l'individualisation des droits. Je propose un système plus simple avec une flat tax et un revenu de base" pic.twitter.com/Zys41NkzKu
— Équipe NKM (@EquipeNKM) 2 novembre 2016
Contrairement aux propositions concurrentes, celles de NKM pourraient rapporter plus d'argent à l'État qu'elles n'en coûteraient. L'Institut Montaigne estime même le gain à 4 milliards d'euros annuels. En revanche, la "flat tax" est une mesure politiquement risquée car elle pourrait être retoquée par le Conseil constitutionnel. En effet, la déclaration des droits de l'Homme et du citoyens stipule que les impôts doivent être liés aux capacités financières de chacun, donc progressifs.
Impôt pour tous avec Poisson. Tout comme NKM, Jean-Frédéric Poisson estime nécessaire d'élargir l'impôt sur le revenu à tous les contribuables, quitte à ce que cela reste une contribution symbolique pour les plus modestes. Mais il ne détaille pas suffisamment son programme pour que l'Institut Montaigne puisse faire une estimation précise. En faisant l'hypothèse du rétablissement d'une première tranche d'impôt sur le revenu à 5,5%, le think tank évalue le gain pour l'État à 3,9 milliards d'euros.