Après une dernière actualisation le 1er février dernier, le taux du livret A sera à nouveau au centre des discussions dans les prochains jours. Bruno Le Maire doit fixer le rendement qui entrera en vigueur à partir du 1er août. Et si le niveau de l’inflation justifie mathématiquement une revalorisation, Bercy pourrait la minorer pour éviter des conséquences néfastes pour l’économie.
Le taux du livret A est établi par un calcul qui prend en compte l’inflation et la rémunération des dépôts interbancaires en zone euro. A ce compte-là, il doit passer à 4% au 1er août. Mais la loi prévoit la possibilité pour le gouverneur de la Banque de France qui transmet ses recommandations au ministre de l’Economie de déroger au résultat du calcul.
Un précédent en janvier dernier
C’est ce qu’il s’était déjà passé en janvier dernier. Le taux du livret A devait, mathématiquement, s’établir à 3,3% à partir du 1er février. Mais François Villeroy de Galhaut avait mis en avant des "circonstances exceptionnelles" pour proposer un taux à 3%, confirmé ensuite par Bruno Le Maire. Au 1er août, le taux pourrait bien être fixé à 3,5% et non 4%, notamment pour préserver la consommation et donc la croissance.
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"Depuis le début de l’année, le livret A a déjà collecté plus de 24 milliards d’euros, on est à des niveaux historiques, donc une hausse à 4% ne ferait que renforcer l’épargne au détriment de la consommation. Or, on a besoin de la consommation pour la croissance", explique Philippe Crevel, économiste et président du Cercle de l’épargne.
Un frein pour la construction de logements sociaux ?
Se pose aussi la question du financement. L’encours du livret sert à la construction de logements sociaux et pour les projets d’infrastructures des collectivités locales. Un livret A à 4% renchérirait mécaniquement le coût de ces emprunts. "Pour les banques, d’abord, ce serait un surcoût, mais pour les bailleurs sociaux, ce serait une difficulté pour financer l’investissement", souligne Eric Heyer, directeur du département analyses et prévisions à l’OFCE.
Un livret A à 4% concurrencerait également plus fortement l’assurance-vie. Un taux à 3,5% limiterait ces conséquences tout en signifiant 1.100 euros d’intérêts supplémentaires pour un livret A au plafond, c’est-à-dire rempli à 22.950 euros.