Emmanuel Macron a vanté vendredi sa politique de réindustrialisation à Dunkerque, en annonçant d'énormes investissements étrangers dans les batteries pour un total de 6,7 milliards d'euros et 4.700 emplois, tout en assumant son appel controversé à une "pause" des nouvelles normes environnementales européennes. "La mère des batailles elle commence dès maintenant", a lancé le chef de l'Etat dans l'usine d'Aluminium Dunkerque. Au chapitre des annonces, le groupe taïwanais ProLogium va implanter dans la ville du Nord, érigée par l'Elysée en "symbole" d'un réveil industriel de la France, une "immense usine de batteries électriques" pour un investissement de 5,2 milliard et la création attendue de 3.000 emplois directs, s'est réjoui le président.
L'entreprise avait déjà dévoilé son projet, mais Emmanuel Macron s'est réservé une autre annonce : le chinois XTC et le français Orano vont investir 1,5 milliard d'euros et créer 1.700 emplois dans un site lié aux batteries lithium, toujours à Dunkerque. Preuve de la rude concurrence sur ce terrain, le groupe suédois Northvolt a de son côté confirmé vendredi l'installation d'une usine géante de batteries électriques en Allemagne. "Un véritable écosystème pour les batteries se développe dans le nord de la France", a salué un vice-président de ProLogium, Gilles Normand à plusieurs agences de presse, dont l'AFP. Trois autres projets de "gigafactories" y sont déjà annoncés, transformant progressivement cette terre, longtemps en voie de désindustrialisation, en vallée de l'électrique en France.
"Un hub d'attractivité"
Le chef de l'Etat a estimé que la ville portuaire devenait "un hub d'attractivité" et prouvait le bien fondé de son "choix" de miser dans les Hauts-de-France comme ailleurs sur une "stratégie du véhicule électrique" et "d'électrification de nos pratiques". Comme jeudi à l'Elysée, il a promis de mettre les bouchées doubles pour réindustrialiser le pays. Objectif : espérer tenir le rythme face aux Etats-Unis de Joe Biden, qui se sont dotés d'un plan colossal d'aides publiques à leur industrie à la faveur de la transition énergétique imposée par le changement climatique, et face à la concurrence chinoise.
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En première ligne pour que l'Europe riposte à ces politiques volontaristes sinon protectionnistes, le président a dévoilé plusieurs mesures censées "accélérer" le réveil de l'industrie française tout en la verdissant : un nouveau crédit d'impôt pour la production de batteries, éoliennes ou panneaux solaires censé générer 20 milliards d'euros d'investissements d'ici 2030, et une refonte du bonus pour l'achat d'une voiture électrique afin qu'il cible, indirectement, le "Made in Europe".
Colère des écologistes
Mais il a aussi assumé à Dunkerque son appel de la veille à une "pause" réglementaire sur les nouvelles normes environnementales européennes, qui avait été dénoncé notamment par des élus écologistes. "Appliquons et allons au bout" du Pacte vert de l'Union européenne, "mais n'en rajoutons pas plus", a-t-il lancé, au nom de la "stabilité" des règles. "Moi je préfère des usines qui respectent nos normes européennes qui sont les meilleures, plutôt que ceux qui veulent encore ajouter des normes" et prendre le risque de "n'avoir plus d'usine", a insisté le président. Les projets annoncés vendredi font partie d'un paquet plus vaste qui sera dévoilé à l'occasion de la sixième édition, lundi à Versailles, du sommet "Choose France" lancé par le président en 2018 pour attirer les projets étrangers. L'Elysée annonce déjà une édition "record", au-delà des dix milliards d'euros.
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Le projets attirés depuis 2017 dans le Dunkerquois "permettront la création ou le maintien d'environ 16.000 emplois sur dix ans alors que la ville a perdu près de 6.000 emplois industriels en 20 ans", fait valoir l'exécutif. Mais non loin de là, Valdunes, dernier fabricant en France de roues de trains, a été lâché la semaine dernière par son actionnaire chinois. Ses deux sites français, situés à Leffrinckoucke et Trith-Saint-Léger, également dans le Nord, emploient 336 personnes.
Comme à chaque déplacement ces derniers temps, le chef de l'Etat était attendu par des manifestants dotés de casseroles, tenus à distance par un imposant dispositif sécuritaire. Des opposants à sa réforme des retraites, alors même qu'il tente de tourner la page de cette crise en réinvestissant le terrain économique. Mais aussi des salariés de Valdunes, en veste de travail et casque sur la tête, venus montrer "qu'ils ne veulent pas mourir comme ça", a lancé à l'AFP Olivier Bournisien, responsable méthode au sein de la forge. La CGT de Valdunes a dit avoir demandé à Emmanuel Macron une rencontre à l'occasion de son déplacement, sans retour à ce stade.