Bayer a annoncé vendredi vouloir investir cinq milliards d'euros sur dix ans dans de nouvelles générations d'herbicides, promettant au passage plus de "transparence" après le scandale des fichiers Monsanto. "Les mesures répondent aux réflexions dont on nous a fait part dans l'année après le rachat de Monsanto", suivi d'une chute du cours de Bourse d'environ 40% en moins d'un an, explique Bayer dans un communiqué.
Le glyphosate, classé "cancérigène probable" par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), "continuera de jouer un rôle important dans l'agriculture et la gamme de produits de Bayer", a assuré le chimiste allemand. Mais dans le même temps, le groupe "investira sur les dix prochaines années cinq milliards d'euros dans des méthodes supplémentaires pour combattre les mauvaises herbes" et veut "réduire de 30% d'ici 2030 l'impact environnemental des produits destinés à l'agriculture".
Multiplication des procédures judiciaires
Depuis le rachat de Monsanto en juin 2018 pour 63 milliards d'euros, Bayer doit affronter les multiples procédures visant l'herbicide au glyphosate de la firme américaine, le Round Up, objet ces derniers mois de trois jugements défavorables en Californie, et désormais visé par plus de 13.000 requêtes aux Etats-Unis. Le chimiste allemand a également promis plus de "transparence" au cours du processus de renouvellement de la licence de son glyphosate dans l'Union européenne.
En décembre 2017, l'exécutif européen avait renouvelé la licence du glyphosate dans l'Union pour cinq ans, au terme d'une controverse de plus de deux ans. Son autorisation court jusqu'au 15 décembre 2022 et toute demande de renouvellement doit être déposée d'ici la fin de l'année. "Nous invitons scientifiques, journalistes et représentants d'ONG à accompagner activement les préparatifs scientifiques de la procédure", écrit aussi Bayer, sans plus de précisions sur ce qu'il entend par cette formule.
En France, le groupe fait l'objet d'une enquête relative à des listes de centaines de personnalités (politiques, scientifiques, journalistes) dressées par Monsanto en fonction de leurs positions sur les pesticides et les OGM et de leur propension à être influencées. Le groupe a par ailleurs annoncé qu'il ne lancerait plus dans les pays en développement que des herbicides respectant à la fois "les exigences de sécurité locales et celles d'une majorité des grandes autorités sanitaires".