Le ciel est plus que dégagé pour les constructeurs aéronautiques Airbus et Boeing, qui ont dévoilé mardi leurs résultats pour 2015. Une année marquée par de nouveaux records de livraisons pour les deux constructeurs aéronautiques et un carnet de commande qui ne cesse de s’étoffer. Ce qui n’empêche pas Airbus et Boeing de se livrer une compétition acharnée. Mais qui a survolé l'année 2015 ?
2015, année de records. "2015 a été une très bonne année", s'est félicité mardi le PDG d'Airbus Fabrice Brégier. Ce que confirment les chiffres du constructeur européen : 1.036 commandes nettes d'avions pour une valeur de 137 milliards de dollars (126 milliards d'euros), ainsi que 635 appareils livrés. Un record. En face, Boeing peut également se réjouir : la firme de Seattle a enregistré 768 commandes nettes d'avions, pour une valeur totale de 112,4 milliards de dollars (104 milliards d'euros), et livré 762 appareils, un chiffre là aussi inédit.
Airbus en train de prendre le dessus sur Boeing. Si les deux entreprises se réjouissent de ces chiffres, elles n’en restent pas moins des adversaires acharnés. Or, dans cette compétition, Airbus est en train de prendre la première place. Pour la troisième année de suite, le constructeur européen a distancé son rival en termes de commandes : 1.036 contre 768. Pour ce qui est des livraisons, c’est en revanche Boeing qui conserve une longueur d’avance, avec 762 avions livrés, contre 635 pour l’Européen.
Mais Airbus compte bientôt s'imposer en termes de livraisons d’appareils : "à l'horizon 2019, si on regarde les chiffres tels qu'on les voit actuellement et notre carnet de commandes, oui on devrait aussi livrer plus d'avions que Boeing", assure Fabrice Brégier, avant d’ajouter : "donc, on sera le premier avionneur aussi en termes de livraisons".
A320 et B737 dominent le marché. Les deux constructeurs proposent une gamme complète d’avions, mais c’est surtout grâce à leurs moyen-courriers qu’ils enregistrent des ventes records. Ainsi, l’A320 représente 62,5% des ventes totales d’Airbus entre 2007 et 2015, quand le géant A380 ne pèse que 2,3% des ventes. Le constat est identique chez Boeing : son 737 a représenté 76% de ses ventes et 65% de ses livraisons en 2015.
Les défis qui les attendent. Avec 6.787 commandes prévues pour les prochaines années, Airbus peut envisager le futur avec sérénité, tout comme Boeing : les nouvelles compagnies asiatiques commandent des avions par dizaines et les compagnies américaines sont en train de renouveler leur flotte. Mais cet horizon dégagé ne doit pas faire oublier les défis qui attendent les deux avionneurs.
Boeing doit notamment faire face à deux menaces. Il y a d’abord son retard sur le front des économies d’énergie : l’A320 Neo d’Airbus rencontre un grand succès grâce à la promesse d’une consommation de kérosène réduite de 20%. Résultat, l’appareil d’Airbus a capté 67% du marché des moyen-courriers. Il y a ensuite l’arrivée d’Airbus sur le sol américain. Le 2 juillet 2015, le constructeur européen annonçait la construction d’une chaîne d’assemblage en Alabama, ce qui est tout sauf anodin : cela réduit le coût de ses avions, vendus en dollars, et empêche Boeing d’invoquer l’argument patriotique pour vendre ses avions aux compagnies américaines.
Du côté d’Airbus, il y a aussi du travail. Pour éviter des retards de livraisons, le consortium européen va devoir augmenter son rythme de production pour suivre la hausse des commandes. En outre, Airbus peine toujours à vendre son très gros-porteur A380. Bijou de technologie et de confort, cet avion coûte néanmoins très cher et ne peut pas se poser partout : les aéroports doivent effectuer des travaux pour l’accueillir. De quoi décourager les compagnies aériennes, ce qui se voit dans les carnets de commande : depuis son lancement fin 2007, il ne représente que 2,3% des commandes.
Enfin, les deux constructeurs doivent se préparer à affronter une menace de taille : l’arrivée de la Chine sur le secteur. Principal client du tandem Airbus-Boeing, Pékin a obtenu l’installation de chaines d’assemblage sur son sol et les transferts de technologies qui vont avec. Si bien qu’il ambitionne de commercialiser ses premiers avions de marque Comac en 2020 et souhaite également s’attaquer au marché des moteurs. Une menace à prendre très au sérieux.