C'est au Bhoutan que le Bonheur national brut a été inventé. C'est d'ailleurs le seul pays au monde à mesurer son BNB, à tel point que cela est devenu un élément essentiel dans les différentes décisions politiques qui sont prises dans le royaume. Les lois sont passées "à la moulinette du Bonheur national brut et certaines décisions ultra importantes pour le royaume du Bhoutan ont été retoquées à cause de ce critère", explique Mickaël Mangot, docteur en économie et directeur de l’Institut de l’Économie du Bonheur, dans l'émission Circuits Courts sur Europe 1.
"Un pays extrêmement paisible". Mais comment cela se traduit-il une fois sur place ? "Il n'y a pas d'agitation. (…) Vous vous dites tout de suite que c’est un pays extrêmement paisible, serein, dans lequel vous n’avez pas de stress", assure Robert Dompnier, directeur de l'agence de voyage Tirawa, spécialisée dans le tourisme au Bhoutan, au micro d'Europe 1.
"Vous allez être surpris par la bonne humeur des gens" au Bhoutan. Robert Dompnier, qui va au Bhoutan depuis 35 ans, souligne une "espèce de quiétude, de sérénité parmi les habitants". Il explique cela notamment par le fait que "l'éducation et la santé sont gratuites" : "N’importe quel Bhoutanais qui va à l’hôpital ne paie rien. (…) Déjà ça, cela amène un certain apaisement et après, vous allez trouver des gens joyeux, qui aiment bien s’amuser, qui aiment bien rire, qui sont très facétieux, qui aiment beaucoup tout ce qui est un peu grivois. C’est un pays où vous allez être surpris par la bonne humeur des gens."
L'argent fait-il le bonheur ? Mickaël Mangot tient à nuancer ces propos. Car, comme il le souligne, ce sont les pays les plus riches qui sont aussi les plus heureux. "Quand vous regardez le classement des pays selon l’indicateur le plus utilisé en économie du bonheur qui est la satisfaction de la vie, tout en haut, vous n’avez que des pays riches", souligne-t-il. Seulement 162ème PIB mondial, le Bhoutan ne pointe ainsi qu'en 97ème position (sur plus de 150) du World Happiness Report, le classement de l'ONU sur le bonheur dans le monde.
"La question, c'est le ressenti de nos concitoyens." La France, quant à elle, se classe 23ème, loin derrière la Finlande, la Norvège, le Danemark ou encore les États-Unis, l'Allemagne ou le Royaume-Uni. Satisfaisant ? "On peut toujours mieux faire", répond Franck Montaugé, sénateur PS du Gers et vice-président de la commission des affaires économiques. "La question, c'est le ressenti de nos concitoyens. J’ai toujours considéré que la boussole de l’action politique devait être celle du bonheur", explique celui qui a déposé deux projets de loi pour la publication d’indicateurs du bonheur.
"En tant que politiques, on a beaucoup de mal à ne pas considérer uniquement le PIB", confie-t-il. Selon lui, "il faut se poser la question du contenu du bonheur et y rattacher les indicateurs qui touchent à la santé, à l'accès à l'éducation, à la culture, aux relations aux autres, à la mobilité".
"Une source de progrès considérable" en termes de bonheur. L'élu propose donc que l'on "évalue l’impact des lois que nous votons avec des indicateurs significatifs de la vie et du ressenti de nos citoyens et que nous évaluons aussi les politiques publiques et le bien-être à l'aune de ces indicateurs". Franck Montaugé estime qu'à l'heure actuelle, cela est "très mal" fait et qu'il y'a "une source de progrès considérable pour le politique au sens large" afin de remédier à cela.