Les faibles perspectives de croissance en Chine ainsi que les dévaluations de sa monnaie, le yuan, n'en finissent pas d'inquiéter le monde de la finance. Lundi, les places européennes ont toutes marqué un recul dès leur ouverture : Paris à -3,57%, Francfort à -3,15%, Londres à -2,50%, -4,21% à Moscou et -3,62% à Milan. À 15 heures, la place de la capitale continuait son plongeon, en passant la barre des -7%. A En cause, les bourses asiatiques et notamment chinoises qui continuent à piquer du nez.
Sur la place parisienne, personne n'est épargné. Sur le marché parisien, les valeurs industrielles, en première ligne du fait des craintes sur la croissance, ont plongé lundi à l'ouverture, à l'image de Renault (-4,85%), PSA Peugeot Citroën (-4,20%), ArcelorMittal (-6,39%) et Alcatel-Lucent (-3,47%). Les poids lourds de la place boursière n'étaient pas épargnés, à l'instar de Sanofi (-2,72%) et Total (-2,74%). Le baril de brut américain, lui, est passé vendredi sous 40 dollars pour la première fois en six ans.
Signaux alarmants de Shanghaï. Si le CAC40 et les bourses européennes dans leur ensemble s'affolent lundi, c'est que de l'autre côté du planisphère, les bourses asiatiques ont clôturé en forte baisse lundi. La Bourse de Shanghaï a fermé ses portes sur un recul de 8,5%, accentuant la chute de 11,5% effectuée la semaine dernière. Il s'agit de sa plus forte chute journalière depuis 2007. La Bourse de Shenzhen a elle terminé sur une chute de 7,70%. Dans son sillage, les autres bourses asiatiques ont elles aussi dévissées. Tokyo, par exemple, a fermé sur une baisse de 4,61%.
Un "atterrissage violent de l'économie chinoise". Dimanche pourtant, la Chine a autorisé un gigantesque fond de pension étatique à investir dans les Bourses locales. Insuffisant pour rassurer, d'autant plus que vendredi, un indice manufacturier de référence est tombé à son plus bas niveau depuis six ans, signalant une violente contraction de l'activité manufacturière chinoise en août.
Le courtier Aurel BGC évoque la "panique sur les Bourses asiatiques en raison du risque grandissant de l'atterrissage violent de l'économie chinoise". Les investisseurs "espéraient une intervention massive de la banque centrale chinoise alors que la Chine pourrait être contrainte de dévaluer encore le yuan", selon lui.
Et la peur des places boursières ne devrait pas cesser de sitôt puisqu'aucun indicateur notable ne devrait être publié prochainement. Les investisseurs vont donc se raccrocher aux prochains rendez-vous économiques en suivant notamment les chiffres de croissance américaine et la réunion annuelle des banquiers centraux prévue à partir de jeudi aux États-Unis. Ils vont aussi scruter de près toute décision en provenance de Pékin qui pourrait stimuler l'économie chinoise.
À l'origine, croissance morose et dévaluations. A l'origine de ces chamboulements, les doutes sur les capacités de la Chine à maintenir une croissance forte. Habituée à une croissance à deux chiffres dans les années 2000, elle devrait avoir du mal à atteindre les 7% en 2015. Un très mauvais signal d'autant plus que 2014 avait déjà été une année morose avec "seulement" 7,4%, son plus bas niveau depuis 1990. La décision de la banque centrale chinoise (PBOC) le 11 août dernier de dévaluer sa monnaie afin de booster ses exportations, n'a pour le moment eu aucun effet positif.
Si l'économie chinoise devait poursuivre sa dégringolade, la contagion pourrait prendre encore plus d'ampleur. Le pays, s'il produit moins, achète en effet moins de matières premières au reste du monde. De plus, son yuan faible rend plus chères les marchandises achetées à l'étranger. De quoi impacter négativement l'économie mondiale.