Quatre millions de logements à travers le monde et plus 300 millions de voyageurs. Ce qui n'était au départ qu'une aventure entre étudiants a bien évolué... Le service de location entre particuliers Airbnb fête cette année son dixième anniversaire. Pour l'occasion, la start-up de la baie de San Francisco a mis les petits plats dans les grands. Objectif : montrer que ce n'est qu'un début. Pour mieux comprendre les enjeux des années à venir, Europe 1 a pu s'entretenir avec le fondateur et CEO de l'entreprise, Brian Chesky.
Vous allez désormais afficher des hôtels sur Airbnb. Pourquoi ce choix ?
Nous voulons que tous les voyageurs soient les bienvenus sur Airbnb, qu’il y ait un logement pour chacun. Pour faire cela, nous avons besoin de diversité et donc d’avoir aussi bien des maisons de vacances, que des hôtels "Bed&Breakfast" ou de ce que l’on appelle les "boutiques hôtels". Mais nous avons aussi des logements uniques comme des yourtes ou des cabanes. Ce sont les quatre catégories que nous ajoutons dès vendredi sur le site et dans l’application. Mais ça va plus loin… Grâce aux collections, qui regroupent des logements bien notés en fonction de chaque besoin, si vous voyagez en famille, vous pourrez choisir dans la collection famille. Si vous voyagez pour le travail, nous avons également une collection "travail" avec des logements offrant un bureau, du Wi-Fi… Si vous recherchez un plus haut niveau de confort et de qualité qui a été vérifié par Airbnb, nous lançons également aujourd’hui Airbnb Plus dans 13 villes aux États-Unis, au Royaume-Uni ou encore en Italie. Nous avons même une solution pour les voyageurs qui veulent du luxe, Beyond by Airbnb, que nous allons lancer au printemps. L’idée, c’est vraiment d’avoir quelque chose pour chacun.
Il y a de plus en plus d’offres de logement sur Airbnb, mais il y a quelques années vous aviez promis que l’on pourrait réserver tout son voyage sur Airbnb, où en est ce projet ?
Notre but est de proposer un voyage magique et facile. Magique dans le sens où les gens vivront une expérience unique dont ils se souviendront. Et pour ça, il faut que vous n’ayez pas besoin de dix sites ou applications différentes pour réserver votre voyage. Donc nous voulons, qu’à terme, quand vous aurez envie d’aller quelque part, vous puissiez tout réserver sur Airbnb. Mais pour le moment, nous sommes centrés sur les gens, ceux qui rendent cette expérience de voyage possible. Ce sont eux qui qui font que quand vous arrivez dans votre Airbnb, vous avez l’impression que vous vivez ici. C’est pour cette raison que pour le moment que nous nous concentrons sur les logements et les expériences (les activités proposées par Airbnb, ndlr), sur lesquelles nous avons beaucoup travaillé depuis leur lancement. Mais, oui, nous regarderons d’autres services au fur et à mesure.
La France est connue pour être un pays très touristique, il est important pour Airbnb ?
La France est l’un des pays du monde les plus importants. Juste un exemple, l’Europe est le plus gros marché d’Airbnb, c’est plus de 50% de notre activité, et le premier pays européen, c’est la France. Nous avons 450.000 logements disponibles en France, c’est à dire à peu près 10% de notre offre alors que la France ne représente évidemment pas 10% des habitants du monde. Rien qu’à Paris nous avons 65.000 logements et, historiquement, c’est la ville la plus importante pour nous. Mais la France n’est pas juste une destination, c’est aussi une très bonne source de voyageurs. Ce qui est intéressant, à la différence de la plupart des autres pays européens qui sont généralement soit des destinations prisées comme l’Italie, soit des pays où l’on voyage beaucoup, comme l’Allemagne, c’est que la France est les deux : une destination très prisée et une importance source de voyageurs.
Dans plusieurs villes européennes et américaines, dont Paris, vous êtes mis en cause pour votre impact sur le marché locatif. Les villes veulent encadrer l’usage d’Airbnb. Comment gérez-vous cela ?
Notre but est d’être un bon partenaire avec chaque ville et chaque pays dans lequel nous sommes présent, y compris avec le gouvernement français et la ville de Paris. Nous avons beaucoup de rendez-vous avec eux et nous essayons toujours de faire les bons choix. Laissez-moi vous donner un exemple d’une des choses que nous avons faites : uniquement l’an dernier, l’impact économique d’Airbnb en France a représenté 6,5 milliards de dollars (environ 5,3 milliards d’euros). Cela représente à la fois l’argent dépensé par les voyageurs pour leur location, mais aussi ce qu’ils ont dépensé dans les commerces locaux. Par ailleurs, nous collectons aussi la taxe de séjour, même si nous ne sommes pas des hôtels. Donc je pense que nous avons un impact économique assez important en France et nous cherchons toujours à faire ce qui est juste.
Mais vous ne payez quasiment pas d’impôts en France…
Nous voulons toujours payer les impôts appropriés, mais évidemment ce sont des discussions que nous avons. Pour autant, je pense que nous payons les bons impôts.
Aujourd’hui, un hôte peut proposer son logement 120 jours par an sur Airbnb. La mairie de Paris voudrait que chaque ville puisse moduler ce chiffre, elle voudrait que ce soit 60 dans la capitale. Que lui répondez-vous ?
Nous avons appris beaucoup des 81.000 villes dans lesquelles Airbnb est présent et notamment que la majorité des hôtes qui sont présents sur Airbnb dépendent de ces revenus pour payer leur loyer, leur emprunt ou leurs dépenses. Ce que je recommande toujours aux gouvernement c’est d’échanger avec les hôtes pour comprendre pourquoi ils louent sur Airbnb. En parlant avec des hôtes partout dans le monde, nous avons remarqué qu’ils sont nombreux à louer leur logement quand ils n’y sont pas. Vous avez des gens qui ne sont pas là 120 jours par an, mais qui vivent quand même dans ce logement, ils voyagent juste beaucoup. Louer leur permet de conserver leur maison. Donc je pense que la première chose à faire, si une ville veut être sûre que seuls les habitants louent sur Airbnb, c’est d’identifier ce qu’est une résidence principale. Je pense qu’à partir du moment où on vit dans le logement plus de 180 jours par an c’est le cas, c’est le nombre de nuit que je recommanderai, cela signifie que vous y vivez plus de la moitié de l’année.
Il a été question que vous entriez en bourse, ce ne sera finalement pas le cas, pourquoi ?
On essaye d’être prêt, parce que je pense qu’il est responsable d’avoir un conseil d’administration et nous allons embaucher un nouveau directeur financier (le précédent a été remercié début février, ndlr) pour pouvoir entrer en bourse quand ce sera nécessaire, mais en tout cas ce ne sera pas cette année.
A LIRE AUSSI - Airbnb : dix ans et de nombreux problèmes à résoudre :