"Aucun salarié ne doit se voir reprocher de ne pas avoir été connecté en dehors des heures de travail". Tel est le message principal de Bruno Mettling, invité sur Europe 1 mercredi matin. Le directeur général adjoint d’Orange, en charge des ressources humaines, est l'auteur d’un rapport sur le numérique au travail remis à la ministre du Travail. Son objectif : permettre de concilier vie privée et vie professionnelle à l'heure du numérique.
Smartphone et tablettes changent la donne. "Le numérique est une opportunité pour transformer et améliorer la vie au travail. Mais comme toute transformation importante, elle comporte des risques. Il faut donc à la fois saisir les opportunités : que nos entreprises, parfois verticales, cloisonnées, aillent vers plus de collaboratif, de transversal. Mais en même temps, il y a des risques qu’il faut anticiper et l’un des risques les plus importants, c’est l’équilibre vie privée - vie professionnelle lié à cette connectivité permanente", a commencé Bruno Mettling.
"Les excès de connexion conduisent à des situations de burn out". "C’est un sujet qui ne se pose pas seulement en France mais aussi dans de nombreux pays", a-t-il souligné, avant de poursuivre : "même si dans le droit il n’y a pas d’obligation de rester connecté ; la pratique, la réalité, les relations avec son manager fait que la tentation est grande de rester connecté. Et c’est pour cela qu’il faut clarifier sans ambigüité ce dossier". "Les excès de connexion conduisent à des situations de burn out", prévient-il, alors que "les salariés qui trouvent un équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle sont dans leur activité professionnelle beaucoup plus performants, beaucoup plus pertinents que ceux qui arrivent épuisés".
Un rapport pour "progresser dans le droit à la déconnexion". "J’ai donc remis au Premier ministre plusieurs propositions. La plus importante d’entre elles est à la fois de progresser dans le droit à la déconnexion : aucun salarié ne doit se voir reprocher de ne pas avoir été connecté en dehors des heures de travail. Mais je complète par le devoir de déconnexion qui est aussi une responsabilité individuelle : son propre comportement peut avoir des conséquences sur ses collègues de travail", a détaillé Bruno Mettling.
"Si on ne progresse pas sur condition d’application de ce droit, il y a un grand risque qu’il reste virtuel", en déduit-il. Pour prévenir de tels risques, l'auteur du rapport préconise de passer par des accords d’entreprise, ou de branche, plutôt que de passer par la loi. "Je suis plutôt un partisan de la négociation en entreprise, aucun pays au monde ne prétend légiférer sur un sujet pareil pour toutes les entreprises, pour tous les salariés. (...) On ne peut pas mettre dans la même situation une start up et une grande entreprises, une entreprise artisanale et une industrie manufacturière. (...) Mais à l’inverse, il faut vraiment que s’enclenchent dans notre pays ces négociations qui permettent de rendre effectif ce droit à la déconnexion", a-t-il souligné.