Budget : le RN reste «sur sa faim» et dénonce «une escroquerie» sur les retraites

Lors des discussions sur le budget 2025, les députés du Rassemblement national ont exprimé leur déception, jugeant les échanges avec les ministres de Bercy insuffisants. Ils ont critiqué la gauche pour ses promesses irréalistes sur la réforme des retraites et déploré l'absence de réelles économies. Des tensions persistent sur la fiscalité et le déficit public.
Des députés du Rassemblement national consultés vendredi par les ministres de Bercy sur le budget 2025 ont indiqué "rester sur leur faim", reprochant à la gauche "une escroquerie politique" en faisant croire à la possibilité d'obtenir une suspension de la réforme des retraites. "On reste un peu sur notre faim sur ces échanges avec les ministres, on ne voit pas bien où ils veulent aller", a déclaré le vice-président du RN, Sébastien Chenu, après un entretien d'environ une heure avec les ministres Eric Lombard (Economie) et Amélie de Montchalin (Comptes publics).
Le député a souligné que les ministres n'avaient pas souhaité "explorer" des sujets défendus par le parti d'extrême droite, tels que la réduction de la contribution française à l'UE ou la refonte de l'aide médicale d'État. Il a toutefois évoqué de "petites victoires", comme l'engagement du gouvernement à ne pas désindexer les retraites sur l'inflation. "Pour le reste, il y a encore beaucoup à écrire pour qu'on puisse trouver un motif de réassurance ou d'assurance sur ce budget", a-t-il ajouté, faisant toujours planer la menace d'une censure après cet entretien, dans le cadre des discussions menées par Bercy depuis lundi avec les forces politiques.
Son collègue Jean-Philippe Tanguy a mentionné plusieurs "sujets d'inquiétude" pour le RN, notamment le fait que le gouvernement ait acté "un dérapage du déficit public" - possiblement à 5,4% du PIB selon des propos attribués à Amélie de Montchalin - alors que "les pistes d'économies ont à peine été effleurées". Le RN réclame notamment des économies sur les opérateurs de l'État dès cette année. Il a déploré également "le grand flou" sur la fiscalité des particuliers.
Concernant la réforme des retraites, dont les socialistes demandent une suspension du report de la mesure dès 64 ans comme prix de leur non-censure, Jean-Philippe Tanguy a dénoncé "une escroquerie politique", estimant improbable que le gouvernement fasse des concessions majeures. "Les groupes socialistes, écolos et communistes (...) sont prêts à se faire acheter avec n'importe quelle promesse, a-t-il lancé. "Prétendre qu'on peut garantir une retraite à 62 ans sans effort budgétaire ailleurs, c'est une mystification".
Sur la forme, les élus du RN ont fait part de leur satisfaction, les ministres s'étant montrés "attentifs" à leurs propositions, selon Jean-Philippe Tanguy. Clôturant le cycle des discussions tenues cette semaine, le sénateur Hervé Marseille, patron de l'UDI et du groupe centriste au Sénat, reçu vendredi soir, a indiqué qu'il y avait "des propositions sur la table pour faire évoluer" la réforme des retraites.
"On peut reprendre des travaux collectivement pour améliorer"
"Il y a une loi qui s'applique et à partir de là, on peut reprendre des travaux collectivement pour améliorer, compléter, modifier cette réforme", a-t-il dit. Il a également mentionné, comme piste étudiée par le gouvernement, une taxe sur le patrimoine des plus riches détenus dans des holdings, afin de lutter contre l'optimisation fiscale.
Le ministre de l'Économie, Eric Lombard, avait indiqué cette semaine que la contribution exceptionnelle des hauts revenus, proposée par le précédent gouvernement et qui devait rapporter 2 milliards d'euros, ne serait pas reconduite en tant que telle en raison d'un problème de rétroactivité. L'élu s'est dit "optimiste sur les conditions dans lesquelles se prépare le budget". "L'essentiel, c'est de trouver les voies du compromis de façon à ce que ce budget puisse avoir une viabilité et puisse permettre au gouvernement d'agir".