Carburant à prix coûtant : Intermarché défend "un combat important" pour le budget des Français

Le président d'Intermarché assure que le panier de courses moyen va augmenter de 40 euros sur un an dès 2019.
Le président d'Intermarché assure que le panier de courses moyen va augmenter de 40 euros sur un an dès 2019. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
  • Copié
avec Emmanuel Duteil , modifié à
Alors que le prix des carburants s’envole à la pompe, Intermarché a décidé, comme ses concurrents, de vendre de l’essence et du diesel à prix coûtant. Sur Europe 1, le patron de l’enseigne, se défend d’être opportuniste.
INTERVIEW

Leclerc, Carrefour, Système U et désormais Intermarché : l’enseigne des "Mousquetaires" a annoncé lundi son intention de vendre ses carburants à prix coûtant pour répondre à la colère des automobilistes face à la hausse des prix à la pompe. "On a une opération qui va être assez spectaculaire : à partir de vendredi et jusqu’à la fin de l’année, on aura des carburants à prix coûtant tous les week-ends dans les supermarchés qui souhaitent participer", précise Thierry Cotillard, président d’Intermarché, invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, mardi sur Europe 1.

Écoutez l'interview intégrale de Thierry Cotillard à 22h20 dans le grand journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.

Quelques centimes gagnés par plein. Cette décision de vendre à prix coûtant a le mérite de contenter les automobilistes mais n'est-elle pas également opportuniste ? "On fait ce genre d’opérations tout au long de l’année, en général pour les départs en vacances. D’ailleurs, la seule enseigne qui l’a fait pour la Toussaint, c’est Intermarché", se défend Thierry Cotillard. Il affirme agir pour le pouvoir d’achat des Français : "Vous allez gagner quelques centimes sur un plein. Si on le fait jusqu’à la fin de l’année, c’est parce qu’on est persuadé que ça représentera plusieurs euros au bout. Quand on sait que 20% des Français sont à l’euro près pour clôturer leur budget courses, c’est un combat important".

Le patron d’Intermarché estime qu’il "joue (son) rôle de distributeur en faisant en sorte que l’essence soit la moins chère possible pour le consommateur". "On peut critiquer la volonté du gouvernement mais il faut garder une chose en tête : sur les 20 centimes de hausse du prix de l’essence depuis le début de l’année (de 1,30 euro le litre à 1,50 euro), il y en a huit qui viennent des taxes et douze du prix du baril", rappelle-t-il, avant d’affirmer son soutien à la fiscalité verte.

Entendu sur europe1 :
Le panier moyen de courses va augmenter de 40 euros en 2019

L’essence, produit d’appel des supermarchés. Reste qu’en vendant le carburant à prix coûtant, Intermarché alimente la bataille de l’essence avec ses concurrents. Non sans intérêt puisque le carburant est un produit d’appel pour les supermarchés. "On définit le prix de l’essence comme le premier prix psychologique. Quand vous êtes sur la route, le premier prix que vous voyez à l’approche du supermarché, c’est celui de l’essence sur le totem de la station. Il y a un vrai combat entre les enseignes aujourd’hui pour être la moins chère", souligne Thierry Cotillard. Résultat, "63% ou 64%" de l’essence est désormais vendue par la grande distribution en France.

Vers une hausse du panier de courses moyen ? Ce combat pour une essence moins chère pourrait se révéler d’autant plus crucial pour les enseignes que la Loi agriculture et alimentation, promulguée le 30 octobre, devrait désormais limiter la marge de manœuvre de la grande distribution sur les prix bas. "Sur les 20.000 produits que vous pouvez trouver dans un Intermarché, il y en a à peu près 1.500 qui vont voir leur prix augmenter. On estime que l’inflation sur le panier moyen peut atteindre 1%, ce qui équivaut à 40 euros de plus par an", détaille Thierry Cotillard. "Il y a des consommateurs qui ne sont pas à 40 euros près, d’autres y sont attachés."

Pour autant le patron d’Intermarché reconnaît l’intérêt de cette loi censée améliorer la rémunération des producteurs. "Si, pour 30 ou 40 euros de dépenses annuelles, on sauve l’agriculture, il faut le faire. Dès le début des États généraux de l’alimentation, nous avons été favorables à un changement des règles du jeu", assure Thierry Cotillard. "Nous avons un modèle différent puisque nous sommes producteurs-commerçants. Les autres vendent ce qu’ils achètent alors que nous vendons ce que nous produisons", explique-t-il.

Entendu sur europe1 :
Nous sommes pour un prix juste, pour le producteur et le consommateur

Prix juste et proximité. Un positionnement qui amène Intermarché à réfléchir différemment de ses concurrents, explique le président du groupe : "Le fait que nous soyons producteurs nous amène à penser que le prix le plus bas à ses limites. Nous sommes pour un prix juste, pour le producteur et le consommateur". S’il assure que son enseigne "respectera la loi" et ne proposera donc plus de promotions choc, comme celle sur le Nutella qui avait provoqué des émeutes en janvier, Thierry Cotillard entend tout de même "actionner tous les moyens qui permettent de faire venir les clients dans les Intermarché". "La loi ne nous interdira pas de proposer des prix très tapés sur les produits non alimentaires, comme la lessive", avance-t-il.

Alors que Leclerc affronte quelques difficultés et que Carrefour se relance avec le bio et les prix bas, Intermarché est l’enseigne qui progresse le plus dans le secteur de la grande distribution. Une bonne santé que Thierry Cotillard attribue au modèle de proximité choisi, avec des supermarchés "à taille humaine" plutôt que des hypermarchés géants qui n’attirent plus les consommateurs. "Nos magasins répondent aux attentes des Français. Le format hyper n’est pas condamné mais il doit aller de pair avec la proximité avec les clients."