Des coups de griffe, des mises en garde et une série de recommandations : la Cour des comptes a décerné mercredi ses traditionnels avertissements sur la gestion de l'argent public, appelant à plus de rigueur pour éviter les gaspillages et assainir les comptes de l'État. "L'accentuation de l'effort de maîtrise des dépenses est indispensable pour respecter les objectifs que la France s'est donnés" et "renforcer sa crédibilité financière auprès de ses partenaires de la zone euro", écrit la Cour dans son rapport public annuel, remis au gouvernement et aux parlementaires.
L'objectif de déficit public "difficile à atteindre". Dans le viseur des magistrats financiers : la réduction du déficit public, que le gouvernement entend ramener à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) cette année, après 3,3% en 2016. Cet objectif, destiné à ramener la France dans les clous européens, "sera très difficile à atteindre", prévient la juridiction financière.
La trajectoire prévue par Bercy s'appuie en effet, d'après la Cour, sur une progression des dépenses publiques "probablement sous-estimée, car certaines économies affichées ne pourront pas atteindre les montants attendus", en particulier pour l'assurance-chômage et l'assurance-maladie. Elle repose par ailleurs sur une prévision de croissance "un peu élevée" et sur des hypothèses de recettes fiscales trop "optimistes", ajoute le rapport.
L'abandon de l'écotaxte, "un échec". Le rapport annuel s'attarde aussi sur l'abandon de l'écotaxe poids lourds, mesure phare du Grenelle de l'Environnement. "Un échec de politique publique dont les conséquences sont probablement très durables", tranche la Cour, qui évalue à un milliard d'euro les indemnités versées par l'Etat pour compenser ce renoncement.
Ils s'inquiètent également du manque de contrôle imposé au secteur de la formation professionnelle, pourtant très exposé à la fraude, et du "défaut de pilotage" dans l'indemnisation amiable des victimes d'accidents médicaux, qui peinent à se faire entendre et à être dédommagées.
Cartons rouges. Des cartons orange ou rouge sont également adressés à l'accueil et l'accompagnement des gens du voyage, dont les progrès sont jugés "lents" et "inégaux", et à la politique de soutien aux débitants du tabac, "légitime au début des années 2000" mais aujourd'hui "très contestable".
Le quai d'Orsay bon élève. Seul bon élève cette année: le quai d'Orsay, et sa réforme du traitement des demandes de visas à l'étranger. Le nouveau dispositif, marqué par une externalisation des tâches liées à la constitution des dossiers, a permis un "désengorgement des consulats" tout en offrant une solution "économe" pour l'Etat, souligne la Cour.