À côté de leurs centrales d’achat nationales, certains grands distributeurs ont aussi créé ou rejoint des centrales d’achat européennes basées à l’étranger : Eurelec pour Leclerc, basée à Bruxelles, Eureca pour Carrefour, basée à Madrid ou encore Everest pour Système U, basée aux Pays-Bas. Et avec ces super-centrales, les distributeurs sont soupçonnés de contourner la loi française. Des soupçons que réfutent notamment Système U ou encore Leclerc. Ils défendent au contraire un moyen de rééquilibrer le rapport de force avec les industriels.
C’est ce que répondait Philippe Michaud, le coprésident du groupe Leclerc, lors d’une audition face à la commission économique de l’Assemblée nationale fin septembre. "On achète en commun, non pas pour détourner une loi quelconque, mais pour avoir le poids suffisant face à des industriels dont je vous rappelle la taille, et qui sont largement plus grands que nous dans un pays comme la France", a-t-il insisté.
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"L’État français a déjà eu l’occasion d’agir"
Mais ces négociations, qui ont lieu à l’étranger, pour des produits commercialisés en France, peuvent être régies par les règles françaises. C’est ce que rappelle la loi Descrozaille, pour lutter, justement, contre les abus. Nicolas Genty est avocat et accompagne des industriels dans leurs négociations avec les distributeurs. "L’État français a déjà eu l’occasion d’agir. Il a poursuivi une centrale d’achat notamment pour non-respect de la date butoir", rappelle Nicolas Genty.
En 2019, Bercy réclamait en effet plusieurs millions d’euros à Eurelec, la centrale d’achat belge de Leclerc, avant que la Cour de justice de l'Union européenne ne déboute cette décision.