C'est signé. Areva et EDF ont annoncé jeudi avoir ratifié un protocole d'accord pour la reprise partielle du premier par le second. On ne connaît toutefois pas encore la taille exacte de la "part" qu'EDF s'arrogera d'Areva NP, la filiale en charge de la construction/conception des réacteurs nucléaire que l'électricien convoite. EDF prendra "de 51% à 75%" d'Areva NP, selon le communiqué publié jeudi. L'objectif est de réaliser l'opération "courant 2016", indique Areva dans un communiqué distinct.
L'accord prévoit tout de même qu'Areva conservera un maximum de 25% de la société et que d'autres partenaires minoritaires pourraient entrer au capital.
Un accord trouvé ces dernières heures. Areva, EDF et l'Etat actionnaire sont parvenus ces dernières heures à trouver un terrain d'entente, à temps pour annoncer jeudi matin les modalités d'un rapprochement qui doit contribuer à sortir le spécialiste du nucléaire de ses difficultés financières. Areva, qui n'en finit plus d'afficher des pertes, a chiffré jeudi ses besoins de financement à environ 7 milliards d'euros d'ici 2017. L'Etat, actionnaire majoritaire des deux groupes, a fait savoir qu'il recapitaliserait "à la hauteur nécessaire".
Après des mois de négociations, une réunion mardi soir des dirigeants des deux groupes, sous l'égide du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, avait permis de "trouver les bases d'un accord", ensuite examiné mercredi par le conseil d'administration d'Areva. C'est un "accord général" qui ne porte pas sur tous les détails du rapprochement entre les deux groupes, avait prévenu une source au fait des négociations.
Areva NP vaut 2,7 milliards. Les divergences entre les deux groupes portaient notamment sur la valeur d'Areva NP. Selon Areva, la filiale vaut 4 milliards, mais EDF proposait un prix de 2 milliards. Ce sera finalement 2,7 milliards d'euros, selon le protocole d'accord annoncé jeudi.
S'ouvre désormais une période de trois à quatre mois, pendant laquelle l'électricien, qui exploite les 58 réacteurs du parc nucléaire français, pourra examiner les comptes d'Areva NP en vue de formuler une offre ferme, d'ici octobre ou novembre.
Les salariés restent inquiets. Pas de quoi rassurer les syndicats d'Areva, pour qui "rien n'est fait". "On repousse de quatre ou cinq mois la solution du problème", déplore Pierre-Emmanuel Joly, représentant CGT d'Areva, interrogé par l'AFP après une réunion d'information avec la direction. Alors que les syndicats sont en train de négocier le plan de restructuration du groupe, "on ne connaît toujours pas le nombre de salariés d'Areva NP qui vont passer chez EDF", souligne Christophe Laisné, de l'Unsa-Spaen.
Le plan de restructuration vise à réaliser un milliard d'euros d'économies d'ici à 2017 et pourrait se traduire par la suppression de 6.000 emplois (dont 3.000 à 4.000 en France). Areva, qui compte environ 44.000 employés, est dans une situation financière critique après avoir essuyé 4,9 milliards d'euros de pertes l'an dernier, liées en grande partie à des provisions et des dépréciations d'actifs.