C'est dans les centre-villes qu'on trouve le plus de pauvres

Foule Strasbourg 1280x640
Une rue à Strasbourg. Image d'illustration. © JOHANNA LEGUERRE / AFP
  • Copié
COMPTE-RENDU - Les populations les plus pauvres ne sont pas les plus nombreuses là où on le croit. Selon une étude de l'Insee, c'est en effet dans les centre-villes qu'elles se concentrent.

La France, ses grandes villes riches et mondialisées... et ses campagnes délaissées ? Pas vraiment sil'on se fie à une étude de l'Insee, parue mardi. En croisant des données fiscales et des données sur les prestations sociales de 2012, l'institut de statistiques a pu dresser un portrait surprenant de la pauvreté en France. Les populations les plus précaires ne sont pas situées en banlieue des grandes villes, ni dans les communes isolées comme on pourrait l'imaginer mais plutôt dans les centres des métropoles.

À Mulhouse, 7 fois plus de pauvres dans le centre qu'en couronne. L'analyse effectuée par l'Insee à l'échelle de chaque commune réserve des surprises. C'est dans les centres des grandes villes que le taux de pauvreté est le plus élevé avec 19,5%. En deuxième position, les communes isolées, c'est à dire éloignées des grandes zones urbaines, présentent 16,9% de taux de pauvreté. Les banlieues n'arrivent qu'après, avec 13,9%, et dans les couronnes, soit l'espace situé au-delà des banlieues, il n'est que de 10%.

Le taux de pauvreté des centres-villes atteint ainsi "parfois deux à trois fois celui des banlieues et plus de quatre fois celui des couronnes urbaines". À Mulhouse, le différentiel est même de 7 avec 30% de pauvreté dans le centre et seulement 4% dans la couronne.

Dit autrement, plus on s'éloigne d'un centre-ville, moins on a de chances de trouver des personnes pauvres. Jusqu'à arriver dans des communes isolées où elles deviennent de nouveau nombreuses.

Le calcul des niveaux de vie médians viennent confirmer ces résultats. Mis à part dans quelques très grandes villes comme Paris ou Lyon, ils sont toujours plus élevés en couronne qu'en centre-villle.

Famille monoparentale ? Mieux vaut vivre loin du centre-ville. Les ménages les plus concernés par la pauvreté sont, sans surprise, les familles monoparentales, les ménages jeunes ainsi que les familles de plus de 5 personnes. Et c'est encore plus vrai s'ils vivent en centre-ville ou dans des villes plus petites. Dans ces zones, un ménage jeune sur quatre est pauvre ainsi que 35% des familles monoparentales.

C'est en fait dans les couronnes des grandes villes que ces ménages se portent financièrement le mieux. Les taux de pauvreté y chutent à 23% pour les parents d'enfants seuls et, à 13% pour les ménages jeunes.

Et les régions les plus pauvres sont… Selon l'Insee, dans l'Hexagone, en 2012, "le taux de pauvreté est le plus élevé dans le Nord et le Sud-est". Dans le détail, c'est la Corse, le Languedoc-Roussillon et le Nord-Pas-de-Calais qui décrochent les premières places avec en moyenne 20% de pauvres au sein de leurs populations. Des taux importants de pauvreté s'observent aussi dans certains départements à majorité rurale, comme la Creuse, l'Ariège, le Vaucluse ou encore les Ardennes.

L'Île-de-France, ses très riches et ses très pauvres. Si des inégalités de revenus s'observent dans tous les régions, l'Île-de-France bat tous les records avec à la fois le taux de pauvreté le plus faible et le plus fort de tout l'Hexagone. Alors que 9% de la population des Yvelines est pauvre, c'est le cas de 27% de la population de Seine-Saint-Denis.

C'est quoi la pauvreté pour l'Insee ? Être pauvre, pour l'Insee, c'est vivre en-dessous du seuil de pauvreté. Ce dernier est fixé, selon des règles établies à l'échelle européenne, à 60% du niveau de vie médian. En France, cela correspond à 11.871 euros par an, soit un revenu de 990 euros par mois et par personne.