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L'Insee abaisse à 0,1% sa prévision de croissance pour le premier trimestre

Europe 1 avec AFP . 3 min
L'Insee a abaissé mardi à 0,1% sa prévision de croissance de l'économie française au premier trimestre.
L'Insee a abaissé mardi à 0,1% sa prévision de croissance de l'économie française au premier trimestre. Hans Lucas via AFP / © Thibaut Durand / Hans Lucas

L'Insee a abaissé mardi à 0,1% sa prévision de croissance de l'économie française au premier trimestre, par rapport aux trois mois précédents, contre 0,2% jusqu'ici. L'institut a en revanche maintenu sa prévision d'une hausse de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, dans sa nouvelle note de conjoncture.

L'Institut national de la statistique s'attend à une croissance plus poussive en France au premier trimestre, pénalisée par les économies budgétaires et sur fond de guerre commerciale des Etats-Unis contre leurs alliés. Le produit intérieur brut (PIB) de la France devrait croître de 0,1% entre janvier et mars par rapport aux trois mois précédents, contre une hausse de 0,2% attendue jusqu'ici, a indiqué l'Insee mardi dans sa nouvelle note de conjoncture. Il table toujours sur une progression de 0,2% au deuxième trimestre, horizon de ses projections.

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"La France entame sa consolidation budgétaire" en retard "par rapport à ses voisins européens"

En 2024, "le retournement de l'investissement (...) a été compensé par l'accélération des dépenses publiques. Toutefois, ce facteur de soutien s'inverse en 2025 car la France entame, avec retard par rapport à ses voisins européens, sa consolidation budgétaire", a expliqué Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture, à la presse.

Dans le budget 2025, adopté au terme d'un processus laborieux, le gouvernement prévoit un effort d'environ 50 milliards d'euros en coupant principalement dans les dépenses de l'Etat et en augmentant la fiscalité sur les grandes entreprises et les ménages les plus aisés.

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Il maintient son ambition de réduire le déficit public à 5,4% du PIB, contre environ 6% en 2024, malgré la possibilité d'une croissance annuelle plus molle qu'anticipé et la hausse annoncée des dépenses militaires, rendue nécessaire par le renversement des alliances géopolitiques, singulièrement le rapprochement de Washington et Moscou.

L'épargne encore privilégiée par les ménages

Selon l'Insee, la consommation des ménages tirerait la croissance au premier semestre (+0,4% au premier trimestre et +0,2% au deuxième). Relativement épargnés par le tour de vis budgétaire, ceux-ci gagneraient du pouvoir d'achat grâce aux hausses salariales et des retraites, ainsi qu'au repli marqué de l'inflation (0,8% sur un an en février et attendue à 1,1% en juin).

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Cependant, freinant quelque peu cette dynamique, les ménages resteraient nombreux à préférer épargner plutôt que dépenser, dans un contexte marqué par de nombreuses incertitudes, en France comme à l'étranger. Le taux d'épargne ne baisserait que légèrement, à 18,2% contre 18,4% fin 2024, bien supérieur à son niveau d'avant-Covid.

"Le taux d'épargne des ménages constitue un réservoir de croissance évident si la confiance se restaure, mais à l'inverse, la dégradation du marché du travail pourrait les inciter à étoffer encore davantage leur épargne de précaution", a souligné Dorian Roucher. Le taux de chômage atteindrait 7,6% fin juin, contre 7,3% un an plus tôt.

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Les entreprises face à la menace de Trump de relever les droits de douane

Les investissements des entreprises resteraient moroses (+0,2% au premier trimestre puis -0,4%). Davantage touchées par les mesures d'économies, certaines temporaires, les entreprises doivent aussi affronter des conditions de financement difficiles et l'imprévisibilité de la politique économique américaine, notamment les menaces du président Donald Trump de relever les droits de douane.

Ces droits de douane, qui visent les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, pourraient amputer la croissance du commerce mondial d'un point à 0,6% au premier trimestre, et de 0,4 point à 0,3% au deuxième, a prévenu Clément Bortoli, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee.

Des mesures de rétorsion pourraient accentuer cet effet, a-t-il ajouté, soulignant que l'Allemagne et l'Italie sont davantage exposées que la France.

Coup de frein pour les dépenses publiques

Contrairement aux entreprises, les investissements des ménages, notamment dans la construction de logements neufs, cesseraient de pénaliser la croissance en se stabilisant au deuxième trimestre, après -0,3% au premier. La contribution du commerce extérieur, qui avait soutenu la croissance en 2024, serait nulle, les exportations pâtissant de prix de l'énergie défavorables et de la concurrence chinoise.

Enfin, les dépenses publiques enregistreraient un coup de frein (0,0% puis +0,2%) en raison de la loi spéciale, destinée à pallier l'absence de budget, qui les a limitées début 2025.

L'Insee n'a pas fourni de prévision de croissance pour l'ensemble de 2025. Après +1,1% l'an dernier, la Banque de France a abaissé la sienne à 0,7%. Le gouvernement table sur 0,9%, un scénario qui nécessiterait, selon l'institut, la concrétisation rapide d'"aléas positifs", comme des droits de douane moins élevés qu'escompté, des cours du pétrole plus faibles ou une baisse plus marquée du taux d'épargne des ménages.