C'est «l’enfer d’investir en France» : ce trop-plein de normes qui épuise les industriels
Trop-plein de normes, difficultés de raccordement, délais d’autorisation… Développer un projet industriel en France s’apparente souvent à un véritable "parcours du combattant". Les patrons de TotalEnergies et EDF tirent la sonnette d’alarme.
Un enfer réglementaire. C’est le constat partagé par deux grands patrons mardi lors du colloque de l’Union Française de l’Électricité. Le patron de TotalEnergies Patrick Pouyanné a assuré qu'il "ne pouvait pas continuer à investir, à avoir autant de personnes qui lui coûtent de l’argent pour un rendement aussi faible."
Celui d’EDF, Luc Rémont, a déclaré dans la foulée que "c’est l’enfer pour raccorder un industriel". "Ce sont des délais administratifs qui sont juste incommensurables avec ce qu’on vit ailleurs dans le monde." Ces deux grands industriels dénoncent donc, en somme, un enfer réglementaire qui pénalise les projets en France. C’est vrai que certains prennent des années avant de sortir de terre, tandis que d’autres sont carrément abandonnés.
Quatre ans pour installer une usine solaire au sol en France, contre un seul en Allemagne
Les exemples ne manquent pas. Il a par exemple fallu quatre ans à TotalEnergies pour boucler son projet d’éoliennes au large de l’Écosse alors qu’il lui en a fallu douze pour un projet deux fois plus petit en France. Cette lenteur administrative est présente dès la phase d’instruction : dans certaines régions en France, il faut parfois attendre deux ou trois ans pour que le dossier soit validé.
Entre-temps, les demandes d’informations complémentaires peuvent se multiplier. Il faut dire qu’il y a sept ou huit agences nationales qui ont aussi leur mot à dire sur les projets d’énergies renouvelables. C’est simple, pour l’installation de panneaux solaires au sol, il faut compter quatre ans en France contre à peine plus d’un an en Allemagne. Dans le secteur, on parle officiellement d’un "parcours du combattant".
Certains industriels jettent l’éponge face aux recours
Sans oublier qu’après les barrières réglementaires, les industriels ne sont pas au bout de leur peine car ils doivent parfois faire face aux recours d’associations écologistes qui s’opposent au projet, à tel point que certains préfèrent jeter l’éponge. C’est le cas d’Amazon, qui a abandonné un projet d’entrepôt de stockage il y a plus de deux ans près de Rouen. En cause : les différents recours et l’autorisation environnementale, selon le maire de la commune qui devait accueillir le projet.