Jean-Claude Trichet n'a pas été étonné, mardi, d'apprendre que la directrice du Fonds monétaire international (FMI), la Française Christine Lagarde, était nommée à la tête de la Banque centrale européenne (BCE). "Je me suis expliqué immédiatement pourquoi son nom apparaissait, parce que dans les fonctions successives qu'elle a occupées, elle a très bien réussi", a-t-il souligné au micro de Sonia Mabrouk, mercredi soir sur Europe 1.
"C'est une habituée des premières"
"C'est un profil original", reconnaît pourtant Jean-Claude Trichet, qui pointe les deux particularités de Christine Lagarde : elle n'est pas banquière centrale, et "elle avait dit elle-même publiquement qu'elle n'était pas candidate à un poste européen". "Mais cela correspond à sa carrière", poursuit celui qui dirigea la BCE de 2003 à 2011. "C'est une habituée des premières. Elle a été la première ministre des finances, avant elle avait été la première patronne d'un ensemble d'avocats internationaux, et puis elle a été la première femme directrice générale du FMI."
Un poste "indépendant" défini par les traités
Une telle nomination peut-elle favoriser la France ? "Non", balaye Jean-Claude Trichet. "D'un point de vue d'ensemble de l'Europe, il est bon qu'il y ait des successions de nationalités ici et là. Croire qu'une fois nommées, ces nationalités doivent agir dans l'intérêt du pays dont elles sont citoyennes, c'est une erreur très grave. Ce serait contraire à tous les traités, qui disent extrêmement clairement que, quand on est président de la Banque centrale européenne, on est indépendant."