Inédits, les chiffres donnent le vertige. La pandémie de coronavirus a provoqué une chute historique du produit intérieur brut français (PIB), avec une contraction de 5,8% au premier trimestre, et plongé le pays dans la récession, selon une estimation dévoilée jeudi par l'Insee. Il s'agit de la baisse la plus forte dans l'historique des évaluations trimestrielles du PIB débuté en 1949. Invité d'Europe 1, Matthieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE, prévient que "la chute est vertigineuse, et on ne sait pas où elle va s'arrêter".
"Sur ces chiffres, on est en terrain inconnu", notamment concernant la suite des évènements, explique cet économiste, qui craint une dégradation plus importante dans les prochains mois, d'autant que cette baisse de 5,8% sur le premier trimestre n'englobe que quinze jours de confinement, ceux du mois de mars. "Malheureusement, ce chiffre du premier trimestre est une préparation à la catastrophe du deuxième, qui sera bien pire, puisqu'on aura eu une période bien plus longue de confinement", détaille-t-il. Or, poursuit-il, "on voit que la chute d'activité en confinement est vertigineuse, avec 32% de perte d'activité par mois de confinement". Et Matthieu Plane de prévenir : "On devrait être avec un chiffre négatif à deux chiffres, au-delà des -10%".
"Beaucoup de secteurs vont être longtemps en sous-activité"
Alors que le confinement va progressivement prendre fin à partir du 11 mai, l'invité d'Europe 1 assure d'ores et déjà que le niveau de production à la reprise, qui se fera par rapport à un niveau très bas, "ne sera pas celui d'avant la crise". "La question est de savoir à partir de quand on va retrouver un niveau de production équivalent à celui d'avant cette crise. Cela va prendre des mois", dit-il encore.
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Pour Mathieu Plane, qui rappelle que "beaucoup de secteurs vont être longtemps en sous-activité", l'urgence est de "limiter au maximum les faillites et les plans de licenciement qui vont être importants, de colmater au maximum la crise pour éviter les dégâts structurels". Par ailleurs, même après la reprise, l'économie restera sous la menace d'un rebond de l'épidémie. "Il faut éviter un scénario où on serait reconfinés à l'été", alerte-t-il, car "l'enjeu de l'été est très important pour les commerces, liés à l'activité touristique, comme les restaurants". Et de conclure : "Les deux prochains mois, il faut un véritable équilibre entre reprise économique, même lente, et éviter un nouveau pic épidémique".