Le travail est de plus en plus difficile, pour la plupart des 50.000 éleveurs français. En 20 ans, ce nombre a été divisé par deux. Et la France, deuxième producteur européen de lait, est désormais menacée par une pénurie. Le principal syndicat de la filière redoute même une accélération des départs des agriculteurs écœurés par l'inflation. Découragés aussi par la sécheresse de ces dernières semaines.
"Toutes nos charges ont doublé"
Certains ont déjà sauté le pas, d'autres y songent : vendre leurs vaches, se séparer de leur main-d'œuvre et arrêter le lait pour devenir céréaliers, par exemple. C'est le cas d'Aurélien, un jeune agriculteur avec un cheptel de 80 vaches laitières : "On se pose la question, forcément, parce que toutes nos charges ont doublé. Et le lait, il a très légèrement augmenté. C'est pour ça que ça devient très compliqué", a-t-il détaillé.
Selon les professionnels du secteur, il faudrait augmenter le prix du lait d'environ 20% pour que les producteurs parviennent à absorber l'inflation. Sauf qu'aujourd'hui, dans les rayons, nos briques de lait sont quasiment toujours au même prix. Il faut donc agir vite, selon Daniel Perrin, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait.
"Un producteur qui arrête, il n'est jamais remplacé. Ça, c'est comme dans un petit village, quand il y a un commerce qui ferme, il rouvre jamais", prévient-il, avant de mettre en garde : "Moi je dis : 'Attention, danger !' Parce que demain, on importera des produits qui ne respecteront pas les normes qu'on impose aujourd'hui aux producteurs français."
Il faudrait augmenter le prix de la brique de cinq centimes
Le secteur appelle donc à une hausse des prix, notamment dans la grande distribution, avec à l'appui un constat dressé par FranceAgriMer, l'établissement national des produits de l'agriculture et de la mer. Une hausse de 0,05€ sur le litre de lait, c'est 40€ de plus pour le producteur et un impact modéré de 25€ de plus par an à débourser pour le consommateur.
Six Français sur dix consomment du lait au moins une fois par semaine, très loin derrière l'Irlande et la Finlande, les deux plus gros consommateurs du continent.