En pleine épidémie de coronavirus en France, le recours au chômage partiel a été demandé pour 5,8 millions de salariés, soit un sur quatre dans le privé, ce qui devrait coûter 19,6 milliards en trois mois, a annoncé mardi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
"On est le seul pays à être à ce niveau de chômage partiel", a dit la ministre lors d'une audition en vidéoconférence au Sénat. Lors du précédent pointage tout début avril, le recours à l'activité partielle, nom officiel du dispositif, avait été demandé par 337.000 entreprises pour 3,6 millions de salariés.
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"Près de la moitié de l'économie est à l'arrêt"
Au 6 avril, le chômage partiel a été demandé par 544.000 entreprises et concernait "5,8 millions de salariés pour un total de 2,4 milliards d'heures chômées demandées. En moyenne, c'est 12 semaines à 35 heures hebdomadaires qui ont été demandées", a dit la ministre, faisant remarquer que "à peu près la moitié de l'économie est à l'arrêt".
Ce dispositif a été mis en place pour "sauver des millions d'emplois, éviter le chômage à des millions de Français et permettre aux entreprises de repartir plus vite", a-t-elle rappelé.
En termes de coût, "si toutes les entreprises qui ont fait la déclaration pour les 5,8 millions de salariés utilisent le chômage partiel pleinement pendant trois mois, le coût au bout de trois mois sera de 19,7 milliards d'euros", a indiqué la ministre.
Un chiffre à ne pas prendre au pied de la lettre
Muriel Pénicaud a appelé à la prudence quant à ce chiffre "très évaluatif", relevant plusieurs inconnues, dont la durée du confinement.
Le dispositif du chômage partiel permet au salarié d'être indemnisé à hauteur de 70% du salaire brut et 84% du salaire net. L'indemnité est prise en charge intégralement par l'État jusqu'à une rémunération brute de 4,5 Smic contre un remboursement forfaitaire inférieur au Smic auparavant. Cela concerne 95% des salaires versés en France. Au-delà, le différentiel est à la charge de l'employeur.
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Il n'y a pas de texte précisant la répartition du financement du chômage partiel entre l'État et l'Unédic (l'organisme qui gère l'assurance chômage), a ajouté la ministre, interrogée pour savoir comment sera répartie cette somme entre les eux.
"Mais, a souligné Muriel Pénicaud, il y avait un usage, 'deux tiers État, un tiers Unédic'. Nous avons proposé à l'Unédic de rester dans ce cadre". Ce sera formalisé "très prochainement" dans une convention tripartite (syndicat, patronat, Etat).
"L'État garantit la dette de l'Unédic (...) donc le tiers qui sera pris en charge par l'Unédic fera partie de fait de la dette garantie par l'Etat", a-t-elle ajouté.