Le français Carrefour et le canadien Couche-Tard ont annoncé samedi avoir "interrompu" leurs discussions sur un "rapprochement amical", après le veto du gouvernement français, mais "ont décidé de prolonger leurs discussions pour examiner des opportunités de partenariats opérationnels".
Parmi les domaines de coopération envisagés, présentés dans un communiqué commun, "le partage de bonnes pratiques dans la distribution de carburant", "le développement d'achats en commun", le "partage d'expertise et le lancement d'innovations pour améliorer l'expérience client", ou encore "l'optimisation de la distribution de produits sur les géographies communes aux deux groupes".
"Construire des partenariats innovants"
"Construire des partenariats innovants est un point clef de la stratégie de transformation de Carrefour", déclare dans cette communication le PDG de Carrefour Alexandre Bompard, pour qui le partenariat avec Couche-Tard "s'inscrit pleinement dans cette stratégie qui nous a déjà permis de retrouver une voie de croissance rentable".
De son côté, le président et chef de la direction de Couche-Tard, Brian Hannasch, estime que "les opportunités opérationnelles avec Carrefour nous permettront d'accomplir notre ambition de devenir un leader mondial de la grande distribution". "Les domaines de coopération envisagés sont alignés avec notre plan stratégique, notre engagement à nous renforcer sur nos activités principales comme les formats de proximité et la distribution de carburant, et notre volonté d’explorer les multiples opportunités dans les zones de croissance associées", explique-t-il encore.
Le véto du gouvernement
Les deux groupes avaient communiqué en milieu de semaine sur des discussions en vue d'un "rapprochement amical", face auquel le gouvernement français a exprimé un veto au nom de "la sécurité alimentaire". "On ne cède pas l'un des grands distributeurs français", avait déclaré vendredi sur BFMTV et RMC le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Une prise de position d'autant plus dissuasive que le gouvernement a le pouvoir de bloquer les opérations de rachat dans l'industrie agroalimentaire, via la réglementation sur le contrôle des investissements étrangers.
L'argument avait été critiqué par une source gouvernementale à Ottawa vendredi soir. "On peut soutenir qu'il est possible politiquement de décider de ne pas autoriser que le principal employeur du pays passe entre des mains étrangères", avait déclaré cette source jointe par l'AFP. "Mais on ne peut pas accuser une entreprise canadienne de premier plan comme Couche-Tard de mettre en danger la souveraineté alimentaire de tout un pays".