Courtepaille : reprise partielle par La Boucherie, un millier de salariés sur le carreau

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Courtepaille, enseigne "steak house" à l'iconique toit de chaume et à la clientèle familiale, va subsister grâce à sa reprise partielle par le groupe La Boucherie. © STRINGER / AFP
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avec AFP / Crédits photo : STRINGER / AFP
Le tribunal de commerce de Nanterre a accepté l'offre de reprise de la société La Boucherie pour l'enseigne de restauration Courtepaille, en grande difficulté depuis la crise sanitaire, qui porte sur 87 restaurants soit l'intégralité du réseau de franchisés et dix restaurants détenus en propre, laissant environ un millier de salariés sans emploi.

En grande difficulté depuis la crise sanitaireCourtepaille, enseigne "steak house" à l'iconique toit de chaume et à la clientèle familiale, va subsister grâce à sa reprise partielle par le groupe La Boucherie, qui laissera toutefois sur le carreau la moitié des salariés. Née en 1961 et florissante dans les années 70-80, l'enseigne de restaurants souvent implantés au bord des autoroutes réalisait encore avant la crise sanitaire un chiffre d'affaires annuel de 190 millions d'euros dans 278 restaurants. Mais elle ne s'est jamais relevée de la pandémie.

Plus d'un millier de salariés ne seront pas repris

Dans un jugement publié mercredi et consulté par l'AFP, le tribunal de commerce de Nanterre a octroyé à La Boucherie la reprise de la marque Courtepaille, en redressement judiciaire, ainsi que celle de 77 restaurants franchisés et de 10 établissements détenus en propre. Mais sur les 2.039 salariés actuels de Courtepaille, en grande majorité employés des 144 restaurants en gestion directe par Napaqaro, son propriétaire (lui-même détenu par le fonds TDR), plus d'un millier ne seront pas repris à ce stade, a précisé à l'AFP une source interne à l'entreprise.

En revanche "près d'un millier d'emplois" devraient être sauvegardés grâce à cette reprise partielle. Dans le détail, cinq des 87 restaurants repris le seront par un salarié et par des franchisés actuels -à Gonesse, Saint-Brice-sous-Forêt, Rennes-Pacé, Brie-Comte-Robert et Ormesson-, qui deviendront franchisés de La Boucherie, a indiqué une porte-parole de cette société à l'AFP. "Nous sommes ravis d'accueillir Courtepaille au sein de notre famille de marques et de travailler à préserver son identité et son héritage tout en lui insufflant une nouvelle dynamique", a déclaré Alexandre Baudaire, directeur général délégué de La Boucherie, cité par un communiqué du groupe. La Boucherie "s'appuiera sur les équipes Courtepaille et les franchisés pour relancer la marque et son développement", a-t-il ajouté.

De graves difficultés économiques après le Covid-19

Fondé en 1987 par la famille Baudaire, le dynamique groupe La Boucherie compte les enseignes Restaurant La Boucherie, Poivre Rouge, Bistrot du Boucher, Le Kiosque du Boucher, Mister Döner et Constant, qui font un chiffre d'affaires sous enseignes de 160 millions d'euros. Avec la reprise de Courtepaille, il comptera 253 restaurants et près de 3.000 collaborateurs. De son côté Napaqaro a formulé une offre de reclassement au sein de son autre enseigne, Buffalo Grill et de Popeyes, une jeune marque qu'elle prévoit de développer, portant sur 512 postes, a rappelé une porte-parole de l'entreprise.

Près de trois ans plus tôt, en septembre 2020, Courtepaille, enseigne de restaurants de grillades à l'image un peu surannée - décor rustique, feu de bois et casseroles en cuivre... - déjà en redressement judiciaire, avait été reprise au fonds britannique ICG par la société Napaqaro qui voulait investir pour moderniser son réseau et renouveler son concept afin de relancer la fréquentation. Mais cette relance n'a pu se faire : confrontée à de "graves difficultés économiques et financières provoquées par la crise Covid", qui se sont ensuite "aggravées", a expliqué Napaqaro, Courtepaille a été placée en redressement judiciaire.

Un groupe en manque de main d'œuvre

Mise en difficulté par les longues périodes de fermeture du service en salle pendant la crise sanitaire, puis par le boom des livraisons à domicile et la généralisation du télétravail, l'enseigne familiale n'a jamais retrouvé son niveau de fréquentation d'avant-Covid : il était encore en repli de 25% en 2022, comparé à 2019. En outre "beaucoup de salariés ont quitté l'entreprise" pendant la pandémie, laissant Courtepaille "en manque de main-d'œuvre : les prestations n'étaient pas effectuées correctement, ce qui a accéléré notre chute", disait à l'AFP Pascal Zoublir, délégué CGT de l'entreprise.

"Nous avons alerté sur la gestion, l'embauche, les salaires qui étaient trop bas, les conditions de travail", a-t-il affirmé. "Et la clientèle n'adhérait pas aux tests que faisait la direction: ils ont enlevé les légumes, le poisson pour faire du poulet rôti... ça a été une catastrophe". Puis Courtepaille a souffert de la flambée de l'inflation qui a renchéri les coûts d'approvisionnement et des matières premières et a contraint sa clientèle, des familles au budget serré, à faire des arbitrages dans sa consommation.