Caissière 1:12
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Selon une étude de la Dares, les travailleurs de la "deuxième ligne", qu'ils soient agriculteurs, boulangers, caissiers ou agents d'entretien, sont plus concernés que l'ensemble des salariés par la précarité et les conditions de travail éprouvantes. Moins bien payés que la moyenne du privé, ils se sentent en revanche aussi, voire plus utiles.
DÉCRYPTAGE

Ils sont chauffeurs-livreurs, boulangers, caissiers, agents d’entretien, ouvriers… Depuis le début de la crise du Covid-19, on les appelle les travailleurs de la "deuxième ligne". Ce sont eux qui ont tenu l'économie à bout de bras pendant plus d’un an en allant travailler en présentiel malgré le risque sanitaire, parce qu'ils étaient jugés indispensables au bon fonctionnement de la vie quotidienne. En tout, ils sont 4,6 millions de salariés répartis dans 17 professions. Une population dont les conditions de travail sont beaucoup plus difficiles que la moyenne, selon une étude de la Dares, le département statistique du ministère du Travail.

Précarité et horaires compliqués

La Dares a retenu 17 catégories d'emploi dans sa définition des "travailleurs de la deuxième ligne", parmi lesquels les agriculteurs, les maraîchers, les ouvriers (bâtiment, manutention, agro-alimentaire), les transporteurs routiers, les chauffeurs, les bouchers et les boulangers, les caissiers, les agents d'entretien ou encore les aides à domicile. Des métiers hétérogènes mais qui présentent plusieurs points communs, à commencer par une précarité assez marquée. Les travailleurs de la "deuxième ligne" sont ainsi plus souvent en CDD (10,5% contre 7,5%) ou en intérim (7,2% et 3,1%) que la moyenne des salariés du privé. 

Globalement, les conditions de travail de ces professions sont plus difficiles que la moyenne. Ces salariés subissent plus le temps partiel : 26% des salariés sont concernés contre 18% en moyenne dans le privé. Ils sont également plus souvent mobilisés le dimanche (19% travaillent au moins dix dimanches par an contre 14% en moyenne), la nuit (8% font au moins 50 nuits contre 5%) et en horaires morcelés (8% ont des journées de travail coupées en deux contre 6%). Enfin, il faut ajouter des horaires imprévisibles qui peuvent changer d'un mois sur l'autre.

Des salaires peu élevés mais un vrai sentiment d'utilité

En plus de la précarité, les travailleurs de la "deuxième ligne" sont aussi plus exposés aux risques. Quelque 61% d'entre eux déclarent être soumis à au moins trois contraintes physiques, contre 36% pour l'ensemble des salariés du privé. Même constat pour l'exposition aux fumées, poussières et produits dangereux. Résultat, ils déclarent deux fois plus d'accidents du travail que la moyenne (20% contre 11%), une proportion tirée vers le haut par les ouvriers du bâtiment.

Beaucoup de risques donc, mais des salaires peu élevés : 1.630 euros net par mois en moyenne pour les travailleurs de la "deuxième ligne", contre 2.330 euros pour l’ensemble des salariés du privé. La fourchette va de 1.286 euros pour les aides ménagères et les aides à domicile, à 1.967 euros pour les ouvriers qualifiés des travaux publics. Pourtant, dans ces 17 professions, l’indice de satisfaction dans la vie professionnelle est quasiment identique à la moyenne nationale : 6,7 sur 10 contre 6,9 (six métiers sont au-dessus de 7). Dans le détail, les conditions de travail difficiles sont compensées par un sentiment d’utilité sociale globalement très élevé, notamment chez les aides à domicile et les aides ménagères (91%).