Comment expliquer la recrudescence de scorbut en France ?
Maladie connue pour avoir tué de nombreux marins il y a plusieurs siècles, le scorbut, causé par une carence prolongée en vitamine C, a fortement augmenté en France depuis la pandémie de Covid-19, selon une étude publiée dans la revue "The Lancet". Le phénomène serait notamment lié à la précarité de certains ménages.
C'est une maladie dont plus grand monde n'avait connaissance. Connu pour avoir tué près de deux millions de marins entre les XVIe et XVIIIe siècles, le scorbut est progressivement réapparu dans l'Hexagone ces dix dernières années.
Carence en vitamine C
Une étude publiée dans "The Lancet" a dénombré 888 enfants hospitalisés atteints de la maladie entre janvier 2015 et novembre 2023, avec une augmentation notable du nombre de cas entre mars 2020 et novembre 2023 (34,5%). Le scorbut apparaît généralement lorsque l'apport en vitamine C, protéine vitale pour divers aspects de la réponse immunitaire, est déficient (moins de 10 mg par jour), et peut se développer en l'espace de quelques semaines.
Il se caractérise par exemple par une mauvaise cicatrisation des plaies, des saignements au niveau des muqueuses ou encore des douleurs osseuses. L'Anses indique néanmoins que la maladie se soigne assez rapidement, en une dizaine de jours. Il suffit pour cela d'ingurgiter quotidiennement au moins un gramme de vitamine C.
Une recrudescence liée aux difficultés socio-économiques
La recrudescence de scorbut s'explique notamment par les difficultés socio-économiques causées par la pandémie de Covid-19 (536 des 888 cas ont été recensés après, contre 352 avant). Le corps ne pouvant pas produire de vitamine C, elle résulte nécessairement de l'alimentation (on peut en trouver dans les agrumes, les pommes de terre, les épinards, ou encore les choux). Or, la période post-coronavirus a creusé les inégalités sociales, à travers une inflation qui a réduit l'accès à des aliments frais, et conduit à une explosion de la malnutrition (20% sur la période).
La maladie a tendance à survenir en particulier chez les enfants issus de foyers à faible revenu, l’augmentation la plus nette du nombre de cas (200 % entre mars 2020 et novembre 2023) concernant la catégorie des 5 à 10 ans. Faute de moyens, ces derniers n'ont pas accès à une diversité d'aliments, ce qui favorise le développement de la maladie. L'étude alerte en conséquence sur le besoin urgent d’un soutien nutritionnel ciblé pour ces populations à risque.