Crise des éleveurs : des camionneurs espagnols agressés

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© GEORGE GOBET / AFP
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N.M. avec AFP , modifié à
Les éleveurs, après avoir levé leurs barrages, ne relâchent pas la pression pour autant et s'en sont pris à des industriels. Une réunion au ministère de l'Agriculture a par ailleurs permis aux acteurs de la filière lait de s'entendre sur une hausse du prix.

Les éleveurs ne désarment pas. Même s'ils ont levé la grande majorité de leurs barrages dans la soiré de jeudi, ils ont entrepris plusieurs actions coup-de-poing contre des industriels et des transformateurs.

 

Les infos à retenir :

  • La majorité des barrages ont été levés dans la soirée de jeudi.
  • Des grandes surfaces et des usines ont été jeudi soir les cibles de plusieurs actions d'éleveurs et plusieurs laiteries étaient bloquées vendredi.
  • Une réunion sur les prix du lait, qui s'est tenue vendredi matin, a instauré comme prix minimum 340 euros pour 1.000 litres de lait.
  • Le ministère de l'Agriculture annonce pour le 7 septembre prochain un conseil des ministres de l'Agriculture de l'Union européenne sur la crise de l'élevage.

Un accord sur la hausse du prix du lait. Après la réunion du 17 juin dernier sur les prix de la viande bovine, une réunion s'est tenue vendredi matin au ministère de l'Agriculture en présence de tous les acteurs de la filière du lait. Industriels, producteurs et distributeurs ont du s'entendre sur une revalorisation des cours. Selon une déclaration à l'issue de cette rencontre de Xavier Beulin, président de la FNSEA, les prix auxquels les éleveurs vendent leur lait ne pourront pas être inférieurs à 340 euros les 1.000 litres. Il s'agit donc d'une augmentation pouvant aller jusqu'à 4 centimes par litre.

L'industrie laitière ainsi que des syndicats agricoles minoritaires ont toutefois minoré la portée de l'accord. Ils estiment "impossible" de garantir un prix minimum d'achat, et relèvent que l'accord de vendredi "exclut une part importante des produits" laitiers, notamment ceux destinés à l'export. La Fédération nationale des industries laitières (Fnil) rappelle dans un communiqué que cet accord ne s'applique qu'aux marques distributeurs et premier prix, pour le beurre, la crème, le lait de consommation (briques ou bouteilles), les yaourts nature et l'emmental. Les industriels s'engagent cependant "à ce que les hausses consenties par la grande distribution soient entièrement reversées aux producteurs laitiers".

Levée progressive des barrages. Malgré l'annonce d'un plan d'aide de 600 millions d'euros mercredi, 10.000 à 15.000 éleveurs se sont mobilisés dans la journée de jeudi, bloquant la circulation dans une partie de l'Hexagone. Le mouvement de contestation, qui avait débuté dimanche dernier, s'est même étendu dans des régions jusque-là épargnées comme l'Auvergne ou le Rhône-Alpes.

Mais les barrages ont été progressivement levés dans la soirée de jeudi et dans la nuit de jeudi à vendredi, les éleveurs ne souhaitant pas perturber le week-end de chassé-croisé des vacanciers. Le Premier ministre, Manuel Valls, a salué en fin de journée la levée de barrages "dans de nombreuses régions", la marque selon lui du "comportement responsable de chacun". Vendredi matin cependant, quelques barrages subsistaient dans l'Allier notamment, au niveau de Montmarault.

Les Français soutiennent les éleveurs. Près de neuf Français sur dix approuvent le mouvement de contestation des éleveurs, selon un sondage BVA-Orange-iTELE publié vendredi. 89% d'entre eux ont une bonne opinion des éleveurs français.

Agressions de camionneurs : l'Espagne proteste. L'Espagne a protesté vendredi auprès de la France et fait part de sa "grande inquiétude" après les agressions ayant visé au moins trois camions dans le cadre du mouvement de contestation des éleveurs français. "Le gouvernement d'Espagne condamne l'agression (...) dont ont été victimes trois camions espagnols qui transportaient du porc", indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, appelant la France à faire respecter le droit à "la libre circulation des personnes et des marchandises".

Des laiteries bloquées.Les éleveurs ne désarment pourtant pas et ont entrepris plusieurs actions d'éclat contre des industriels. Au moins quatre laiteries étaient bloquées vendredi matin dans l'ouest de la France. Dans la Manche, les laiteries Lactalis à Isigny-le-Buat, Bongrain à Condé-sur-Vire et de la coopérative Maîtres laitiers du Cotentin à Sottevast sont bloquées depuis jeudi soir, a indiqué Sébastien Armand, président de la FDSEA du département. "On bloque uniquement la sortie des produits finis", a-t-il précisé, ajoutant que les éleveurs avaient établi un "planning" pour se relayer sur les points de blocage jusqu'à mardi. 

Jeudi soir, dans le Tarn-et-Garonne, plus de quatre cents agriculteurs avec environ 70 tracteurs ont organisé plusieurs actions coup de poing devant des grandes surfaces et des laiteries. Les producteurs de lait du Nord-Pas-de-Calais ont entamé, pour leur part, le blocage de trois sites de transformation du lait. Toujours dans le Nord, les issues de l'usine Danone de Bailleul étaient bloquées à partir de 21 heures 30. De 100 à 200 agriculteurs, selon la préfecture du Nord et la FDSEA, étaient rassemblés devant l'usine, sans incident.

François Hollande remet la pression. Après l'annonce d'un plan d'aide mercredi par le Premier ministre Manuel Valls et Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, le président de la République François Hollande a tenu jeudi, lors d'un déplacement à Dijon, à remettre la pression sur les distributeurs, les abatteurs et les transformateurs afin qu'ils "rendent des comptes" sur les prix d'achat de la viande aux éleveurs. Il a également répété la volonté de l'Etat de favoriser l'agriculture française dans les cantines des collectivités locales et d'encourager les exportations.